Analyse linéaire, étude linéaire, commentaire linéaire « J’aime l’araignée », Les Contemplations, Victor Hugo, 1856. 

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Analyse linéaire, étude linéaire, commentaire linéaire « J’aime l’araignée », Les Contemplations, Victor Hugo, 1856. 
(Analyse après le texte)

« J’aime l’araignée… »

J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,
Parce qu’on les hait ;
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

Parce qu’elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu’elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;
Ô sort ! fatals nœuds !
Parce que l’ortie est une couleuvre,
L’araignée un gueux ;

Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,
Parce qu’on les fuit,
Parce qu’elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !

Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie
De les écraser,

Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !

Victor Hugo

Analyse linéaire, étude linéaire, commentaire linéaire « J’aime l’araignée… », Les Contemplations, Victor Hugo, 1856. 
(Ceci n’est pas un modèle, mais un exemple. Vos réflexions personnelles peuvent mener à d’autres pistes de lecture.)

Introduction:

Victor Hugo est l’une des grandes figures du romantisme au XIXème siècle. Auteur de pièces de théâtre (Hernani), romancier à succès (Les Misérables, Notre-Dame de Paris), écrivain engagé (contre la peine de mort, Dernier jour d’un condamné), il s’impose aussi comme un des plus grands poètes de son temps. Son recueil Les Contemplations est publié en 1856 pendant son exil sur les îles anglo-normande de Jersey et Guernesey sous le règne de Napoléon III, et porte beaucoup sur la mort de sa fille Léopoldine.(accroche avec informations sur l’auteur)
Le recueil est composé en deux grandes sections « Autrefois » et « Aujourd’hui ». Le poème « J’aime l’araignée… » se situe dans la première section, dans le Livre III intitulé « Les luttes et les rêves » qui en appellent à la compassion et à la considération de la misère. Il est construit en sept quatrains, avec des rimes croisées et une alternance entre décasyllabe et pentasyllabe. Le poème étudié prend dès lors toute sa place dans ce livre puisqu’il met en avant l’amour d’Hugo pour l’araignée et l’ortie, animal et plante détestés.(Présentation)
Comment Victor Hugo à travers une défense de l’araignée et de l’ortie parvient-il à lancer un appel à l’amour universel? (Problématique)
Le premier mouvement du poème comprend les quatre premières strophes. Il porte sur les causes de l’amour du poète pour l’araignée et l’ortie. Le second mouvement des trois dernières strophes est une invitation à l’amour. (Annonce des mouvements)

Premier mouvement : L’amour expliqué du poète pour l’araignée et l’ortie. (Les quatre premières strophes)

-v.1: parallélisme « j’aime », la conjonction de coordination « et » crée une impression de rapprochement entre un animal et un végétal, qui semblent différer.
-v.2: le paradoxe se poursuit ensuite « Parce qu’on les hait », les deux vers sont antithétiques : « aime » et « hait ». Le poète pose son originalité « on ». Locution « Parce que » introduit une cause.
-v.3: De nouveau parallélisme rappelant le premier vers: « que rien n’exauce et que tout châtie ». On n’accorde rien à l’araignée ou l’ortie, on les punit d’exister pour les désagréments qu’elles génèrent.
v.4: personnification de l’araignée et de l’ortie : « leur morne souhait ».
-v.5-6:Liste des causes avec répétition anaphorique de la locution « Parce que ». Catalogue paradoxal de leurs défauts, qui sont en fait pour Victor Hugo des raisons de les aimer, presque des qualités. Énumération: « maudites, chétives, Noirs êtres rampants; ».
-v.7-8:Une nouvelle cause apparaît sur les deux vers suivants qui s’enchaînent avec un enjambement: « Parce qu’elles sont les tristes captives/ De leurs guets-apens; ». Personnification avec l’expression « tristes captives ». Leurs pièges sont leurs conditions misérables.
-v.9: La nouvelle raison invoquée insiste sur la notion de piège : « prises dans leur œuvre ».
– v.10: ici, le tragique s’invite dans ce vers avec un champ lexical tragique et une ponctuation expressive avec les points d’exclamation: « Ô sort! fatals noeuds! ».
– v.11-12: Comparaison dans les deux vers suivants avec « une couleuvre » pour l’ortie, animal détestée aussi, et un « gueux » pour l’araignée, pauvre personne du peuple méprisée.
– v.13: Dernière strophe exposant les raisons paradoxales de l’amour d’Hugo pour l’araignée et l’ortie, avec l’anaphore sur trois vers de « Parce que ». Il reprend dans cette strophe les raisons évoquées avant.
– v. 13,14,15: la métaphore « l’ombre des abîmes » fait écho à « Noirs êtres rampants ». « Parce qu’on les fuit » correspond à « Parce qu’on les hait ». « Parce qu’elles sont toutes deux victimes » reprend le piège dans lequel elles sont enfermées.
– v.16: le dernier vers de ce mouvement fait le lien avec le deuxième mouvement. « De la sombre nuit… » correspond avec « ombre des abîmes », les points de suspension crée une tension pour annoncer la suite.

Deuxième mouvement: un appel à la compassion et à l’amour. (Les trois dernières strophes)

– apostrophe aux lecteurs: « Passants », Hugo se lance dans une prière, une demande avec l’impératif: « faites ». Il en appelle à la pitié des hommes pour l’ortie et l’araignée: « faites grâce à la plante obscure,/ Au pauvre animal ».
– Aux vers 19-20: il en appelle ici à la compassion des hommes dans un parallélisme qui finit de manière très expressive dans le vers 20: « Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, / Oh! plaignez le mal! ».
– La sixième strophe élargit le propos du poète : « Il n’ait rien qui n’ait sa mélancolie ». Le « rien » signifie tout. Une nouvelle personnification qui calque sur les orties et araignées le sentiment bien humain de la mélancolie, de la tristesse accompagnée de rêverie.
– Dans la même idée, le pentasyllabe suivant globalise l’envie, le désir de tendresse : « Tout veut un baiser ». Les végétaux et les animaux sont comme les êtres humains.
– L’enjambement des vers 23-24 nous rappelle le destin tragique de l’ortie et de l’araignée: «De les écraser ». Destin à plaindre, et demande du poète de l’éviter : « pour peu qu’on oublie ».
– Reprise de la locution « Pour peu qu’on » pour insister sur la nécessité de prendre en compte l’ortie et l’araignée. « un œil moins superbe » fait référence à un caractère hautain, condescendant.
– « Tout bas, loin du jour, » est une nouvelle périphrase pour l’obscurité dans laquelle vivent l’ortie et l’araignée.
– L’enjambement des deux derniers vers fait parler (« murmurent ») l’ortie et l’araignée. Cette dernière personnification ,accompagnée des deux adjectifs péjoratifs « vilaine » et « mauvaise », termine le poème par un mot très fort avec une majuscule et un point d’exclamation : « Amour! ».
– Ici, nous comprenons avec la chute, que l’appel à l’amour d’Hugo a une portée universelle. Il utilise métaphoriquement l’ortie et l’araignée pour en appeler à la compassion, à l’amour de tous pour tous. Les pauvres, les indigents, les personnes physiquement moins belles, tous , nous avons besoin d’amour, et nous le méritons.
– La chute du poème ressemble donc à une morale implicite.

Conclusion:

Les deux mouvements du poème s’enchaînent. Dans un premier temps, Hugo fait un éloge paradoxal de l’araignée et de l’ortie, en mettant en avant tous leurs défauts, mais en les aimant, en les transformant presqu’en qualités. Suit la deuxième étape qui s’attache à provoquer la compassion du lecteur pour tout ce qui existe, et la compréhension que chacun nous avons besoin d’amour.(reprise des conclusions des mouvements).
Victor Hugo réussit à écrire une ode à l’amour universel en se concentrant pourtant sur une araignée et une ortie. Il fait de ces deux éléments une métaphore des faibles, des exclus qui ont besoin d’amour comme tous. (Réponse à la problématique).
Ce poème d’Hugo rappelle le combat sempiternel de l’homme engagé contre la misère, comme on peut le lire dès la préface de Les Misérables. (Ouverture)

À voir aussi, la préface des Misérables: Citations célèbres: la préface des Misérables, « Tant qu’il existera par le fait des lois et mœurs… »

Et à lire aussi, même si je ne suis pas Victor Hugo: Je lance un appel aux forces de l’amour! Faites circuler les poésies d’amour de lescoursjulien.com ?‍❤‍?
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