Analyse linéaire, étude linéaire, commentaire linéaire « Harmonie du soir », Les Fleurs du mal, Baudelaire, 1857. 

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Analyse linéaire, étude linéaire, commentaire linéaire « Harmonie du soir », Les Fleurs du mal, Baudelaire, 1857. 
(L’analyse après le texte)

Harmonie du soir.

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige……
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

Charles Baudelaire.

Analyse linéaire, étude linéaire, commentaire linéaire « Harmonie du soir », Baudelaire, 1857. 
(Ceci n’est pas un modèle, mais un exemple. Votre réflexion personnelle peut mener à d’autres pistes de lecture.)

Introduction: 

Baudelaire, poète de la modernité, publie son grand recueil Les Fleurs du mal en 1857. Il expérimente en passant du romantisme, au mouvement parnassien, puis en insufflant le symbolisme. De même, il remet au goût du jour la forme oubliée du sonnet, et popularise le poème en prose (Spleen de Paris, 1869). Il mène une vie de tourments et de difficultés dont l’angoisse se retrouve dans son concept central du Spleen (humeur dépressive). (accroche avec informations sur l’auteur).
Le poème « Harmonie du soir »se situe dans la section « Spleen et Idéal » du recueil Les Fleurs du mal. Il est en trente-troisième position. Le personnage central de ce sonnet en alexandrins est Jeanne Duval, l’amour le plus important de sa vie, et muse de nombreux poèmes. Il relate sa mort imaginée, son séjour au tombeau avec dureté et acrimonie.(Présentation générale du texte).

Comment le poème traduit-il la déception amoureuse de Baudelaire ? (Problématique)
Le texte peut se décomposer en trois mouvements. Tout d’abord, dans la première strophe, Baudelaire décrit l’enfermement dans le tombeau. Le second mouvement de la deuxième strophe s’étend sur la décomposition corporelle. Enfin, les deux derniers tercets dévoilent l’alliance entre le poète et le tombeau pour punir la femme infidèle.  (Annonce de plan, annonce des mouvements)

Faux pantoum: rimes embrasées, derniers vers ne reprenant pas le premier. Mais reprise vers 2 et 4 aux 1 et 3 ensuite.

Premier mouvement: L’explosion de sensations. (Les deux premières strophes)

– Le vers 1 débute le poème avec un ton presque prophétique, présentatif « Voici ». La formule est eschatologique (sur la fin des temps) « venir les temps ». Le futur est proche, il approche.« Vibrant », idée de mouvement et de sonorité, comme un instrument à corde.
– Enjambement avec le vers précédent qui explique la présence de la tige: « Chaque fleur ». L’impression donnée est celle d’un champ. Cette impression visuelle est complétée par « Évapore », différence de température du soir qui crée cette rosée du crépuscule, rencontre des mondes diurnes et nocturnes qui évoquent à la fois la fin et le renouveau.
– La comparaison «ainsi qu’encensoir » montre la première incursion champ lexical religieux. Le balancement rappelle la vibration de la fleur, rappelle l’exorde prophétique.(introduction d’un discours)
– Le vers suivant voit l’apparition des sensations: « sons et parfums ». Elles correspondent à la vibration des tiges et à l’encens qui brûle.L’univers est celui du titre: « l’air du soir ».
– Le dernier vers de la strophe poursuit la description des sensations: « Valse », à la fois la musique et la danse, « langoureux vertige », de tourner, et par l’odeur, langoureux étire le temps. Une synesthésie se crée par l’emploi de plusieurs sens.

– Le vers 5 est la reprise du vers 2, comme le demande la forme du pantoum. C’est encore l’annonce d’un quatrain plus triste, plus dans le Spleen, moins dans l’harmonie (Idéal).
– Cette tonalité plus pathétique se retrouve dans le vers suivant: « Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige ». La violon frémit comme s’il était maladif, et est comparé à un coeur douloureux. Le coeur semble presque par le à travers le violon et la mélancolie qui s’exprime.
– La reprise du vers 4 de la première strophe prend un sens un peu différent dans ce deuxième quatrain. « La valse mélancolique » et le « langoureux vertige » sont ici menés par le violon, et crée l’image d’une danse qui tourne.
– « Le ciel », et « reposoir » prodiguent de nouveau une atmosphère religieuse au dernier vers de la deuxième strophe. Les deux adjectifs « triste et beau » décrivent un ciel qui est le miroir de l’état-d’âme du poète, aussi de son travail de poète : l’inspiration dans la tristesse pour créer de la beauté.
– La comparaison « comme un grand reposoir » repose sur l’autel installé notamment lors de procession où on dépose les éléments nécessaires à la communion, mais c’est aussi un lieu où on peut se reposer, faire une halte. Le ciel appelle à la fois la divinité, et le repos.

Deuxième mouvement: La mélancolie des sentiments. (Les deux dernières strophes).

– Nous franchissons une nouvelle étape dans le registre pathétique avec la troisième strophe avec l’affliction du coeur, la douleur sentimentale.
– La répétition de « coeur » au vers 10 insiste sur la cause de la souffrance, en qualifiant aussi le coeur: « tendre ». Cette tendresse est celle du coeur du poète, individu sensible par essence.
– Les émotions deviennent puissantes avec l’emploi du verbe « haïr », et le point d’exclamation à la fin: « qui hait le néant vaste et noir! ». Progression du Spleen qui mange le coeur et l’entoure de noirceur.
– Du coeur, nous nous élevons au ciel : « Le ciel ». Cette élévation ne va cependant pas entièrement  vers l’Idéal, puisque la reprise du vers 8 mélange Idéal religieux et élevé « beau », « reposoir », et Spleen « triste »
– Et dans ce ciel se trouve certes le soleil: « Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige ». Mais la métaphore indique un soleil couchant aux teintes rouges, qui ne parvient pas à chasser l’obscurité. Le sang confère un aspect violent, déchirant au moment, qui semble durer éternellement : « se fige ».
– Ici, le Spleen gagne, et le poète s’enfonce dans la mélancolie.

– La dernière strophe apporte l’explication à l’origine du poème. Elle débute par le deuxième vers de la précédente (une nouvelle fois, la forme du pantoum) en mettant le coeur, le sentiment au centre du propos: « Un coeur », « hait ».
– Cette tendresse invite à la nostalgie: « Du passé lumineux recueille tout vestige! ». Ici encore, Idéal et Spleen alternent « passé lumineux » et « vestige ». Les ruines symbolisent la destruction du passé dont il ne reste que des débris. La lumière, elle, s’oppose au « néant vaste et noir ». Nous comprenons bien l’antithèse entre un passé heureux et un présent cassé, détruit.
– L’avant-dernier vers renforce la durée du soleil couchant qui semble presqu’immobile avec les points de suspension après « figé »: « dans on sang qui se fige… », et l’examen du passé et du présent fige le sang du poète, le laisse sans réaction.
– Le dernier vers constitue la chute: « Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ». Le lyrisme du poème se dévoile enfin « en moi ». Baudelaire nous évoque une séparation douloureuse « Ton souvenir » avec Apollonie Sabatier.
– Ce dernier vers finit sur une ambivalence avec la comparaison « luit comme un ostensoir » (le récipient dans lequel se trouvent les hosties) . À la fois, nous sentons la portée à l’élévation vers l’Idéal, mais aussi la souffrance morale et sentimentale de Baudelaire qui n’a plus que des souvenirs…

Conclusion:

Le premier mouvement du poème s’attache à décrire les sensations de l’auteur à l’approche de la nuit. La première strophe les expose à travers un début de synesthésie avec la vision, l’ouïe et l’odorat. Peu à peu, nous glissons vers les émotions et les sentiments, qui sont le sujet du deuxième mouvement avec la montée du registre pathétique. (Reprise des conclusions des mouvements).
Baudelaire exprime son vague-à-l’âme face à la séparation amoureuse qu’il subit. Il oscille entre Idéal et Spleen, entre contemplation de l’atmosphère d’un début de soirée et souvenir de moments heureux, et la tristesse de la rupture, la solitude. (Réponse à la problématique).
L’évocation mélancolique et nostalgique de sa rupture avec Apollonie Sabatier se fait de manière plus onirique, moins violente que celle à avec Jeanne Duval dans le poème « Remords Posthumes ». (Ouverture)

Pour l’analyse de Remords Posthumes, c’est ici: Analyse linéaire, étude linéaire, commentaire linéaire, Remords posthumes, Les Fleurs du mal, Baudelaire, 1857.

Et à lire aussi, même si je ne suis pas Baudelaire 🙂 : Je lance un appel aux forces de l’amour! Faites circuler les poésies d’amour de lescoursjulien.com ?‍❤‍?
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