Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France, première partie, Blaise Cendrars, 1913, commentaire, analyse.

 

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La Prose du Transsibérien.

 

 

En ce temps-là, j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon coeur tour à tour brûlait comme le temple d’ Ephèse ou

comme la Place Rouge de Moscou

Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j’étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.

 

Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare

Croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales, toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches…
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint- Esprit s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscencesdu dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer. 

 

Blaise Cendrars, Du monde entier, 1913.

 

 

Exemple d’un plan de commentaire avec introduction et conclusion des 24premier vers de la Prose du Transsibérien, Blaise Cendrars, 1913.

(ceci est un exemple, et non un modèle. Vos réflexions personnelles peuvent mener à d’autres pistes de lecture).

(attention les lignes citées sont celles du poème et non celles de l’extrait ci-dessus)

 

 

Introduction :

 

Blaise Cendrars mène une vie de voyageur, d’aventurier. Son œuvre littéraire porte cette empreinte dans ses sujets, comme dans les romans l’or ou Bourlingueur, et dans sa forme qui annonce le surréalisme. Ami d’Apollinaire, il casse les codes poétiques pour mieux transcrire les sensations.(accroche avec informations sur l’auteur)

Ainsi, dans son long poème La prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France, il construit un livre-objet qui se présente sous la forme d’un dépliant, et non de pages , écrit en vers libres. Il est d’ailleurs illustré par une de ses amies, le peintre Sonia Delaunay. Le passage étudié est constitué par le début de l’oeuvre et prend comme sujets son adolescence, la Russie (dans laquelle il a voyagé quelques années auparavant) et la poésie. (présentation de l’oeuvre et de l’extrait)

Nous nous demanderons comment à travers un récit personnel, l’auteur arrive à nous emmener dans une rêverie poétique ?(problématique)

Tout d’abord, nous montrerons le caractère intime du texte, puis nous mettrons en avant la poésie qui s’en dégage.(annonce de plan)

 

(introduction en quatre parties avec accroche, présentation de l’extrait, problématique et annonce de plan)

 

I- La dimension personnelle du poème.

 

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

 

a) L’énonciation.

 

  • première personne du singulier utilisée dès le premier vers « j’étais ».
  • insistance avec l’anaphore en « J’ » dans les trois vers suivants.
  • Tout au long de l’extrait dix répétitions du pronom personnel « Je », et huit fois du déterminant possessif « mon », « ma ».
  • volonté de l’auteur donc de faire référence à son expérience. Lyrisme appuyé.

 

b) Un monde d’émotions et de sensations.

 

  • « Que mon cœur, tour à tour, brûlait… »(l.7) : marque l’intensité de ses émotions.
  • Un monde de sensations avec la présence de trois sens : la vue « mes yeux »(l. 10), l’ouïe « Un vieux moine me lisait.. »(l.17), le toucher « Et mes mains »(l.21), aussi sensation de soif « J’avais soif »(l.18)
  • émotions liées à la mémoire, raconte une moment de son passé : utilisation de l’imparfait et champ lexical du passé, « En ce temps-là »(l.1) « Je me souvenais »(l.2), « réminiscences »(l.22).c) Une réalité vécue.

 

  • des références précises et chiffrées qui montrent sa connaissance des lieuxnotamment.
  • Toponymes (lieux) en Russie : « Moscou »(l.4), « Place Rouge »(l.8), « Le Kremlin »(l.13), « Novgorod »(l.17), « Saint-Esprit »(l.20) (jeux de mots entre la cathédrale et l’esprit saint).
  • Chiffres très précis dans la périphrase : « ville des mille et trois clochers et des sept gares »(l.4).

 

(phrase de conclusion/transition de la partie lors de la rédaction)

 

II- Une rêverie poétique.

 

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

 

a) Les rêveries d’un adolescent.

 

  • nous indique précisément son âge :  « à peine seize ans »(l.2), et de même métaphoriquement « 16 000 lieues »(l.3)
  • insistance sur le caractère juvénile :  « adolescence », « enfance », « naissance », rimes des trois premiers vers, volonté du poète de mettre en avant son jeune âge au moment des faits.
  • Adolescence, âge des découvertes, des aventures, des expériences de l’imaginaire aussi : « Car mon adolescence était alors si ardente et si folle »(l.6)

 

b) La transfiguration du réel.

 

  • dans la deuxième strophe, comparaison du Kremlin avec des pâtisseries :« gâteau »(l.13), « Croustillé »(l.14), « amandes »(l.15), « mielleux »(l.16), image enfantine, sucreries=douceurs de la jeunesse.
  • Mystère apporté par des références religieuses et antiques : « temple d’Ephèse »(l.7), « Un vieux moine »(l.17), « caractères cunéiformes »(l.19), « Saint-Esprit »(l.20).
  • Création d’une atmosphère extraordinaire : « la légende de Novgorod »(l.17), début comme dans un conte : « En ce temps-là », paraît lointain et oublié, presque légendaire.

 

  1. une réflexion sur la poésie.

 

  • fin de la première strophe, mise en abîme du poète qui parle de lui-même et de son art : « Et j’étais déjà si mauvais poète »(l.11)
  • nous donne une définition de la fonction du poète : « aller jusqu’au bout »(l.12). Le poète doit aller au bout de lui-même, et au bout de son art. Porte un jugement sévère sur lui-même « je ne savais pas »
  • référence appuyée à Baudelaire à la fin de l’extrait : « d’albatros »(l.21), du nom du poème « l’Albatros »(dans les Fleurs du mal), « voyage »(l.23) et « mer »(l.24) termine cet hommage, car Baudelaire a écrit plusieurs poèmes sur le voyage maritime, et « l’Albatros » se passe sur un navire.

 

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

 

Conclusion :

 

Blaise Cendrars dans le début de son poème nous dévoile le caractère personnel et réel de son récit. Evoquant ses sensations et émotions d’adolescent, il nous emmène aussi dans une rêverie poétique surréaliste et mystérieuse. La Russie occupe une place importante dans ses souvenirs et lui rappelle d’ailleurs sa jeunesse et son apprentissage de l’écriture poétique. (reprise des conclusions partielles et réponse à l’annonce de plan)

L’auteur arrive à nous faire voyager par la précision des détails, la multiplicité des lieux, mais il nous emmène aussi dans un voyage imaginaire et poétique où ses vers libres et rythmés, ainsi que ses références littéraires et spirituelles nous entraînent dans son univers.(réponse à la problématique)

Ce début est une « invitation au voyage » (pour citer Baudelaire), une invitation à continuer la lecture. Il décrit son point de départ avant que nous montions avec lui dans le transsibérien, et nous déplacions dans cette Russie troublée du début du XXème siècle. (ouverture)
(conclusion avec trois éléments : reprise des conclusions partielles, réponse à la problématique, ouverture)

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