L’Huître et les plaideurs, La Fontaine, Fables, 1678, commentaire, analyse.

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L’Huître et les plaideurs, La Fontaine.

Un jour deux Pèlerins sur le sable rencontrent

Une Huître que le flot y venait d’apporter :

Ils l’avalent des yeux, du doigt ils se la montrent ;

À l’égard de la dent il fallut contester.

L’un se baissait déjà pour amasser la proie ;

L’autre le pousse, et dit : Il est bon de savoir

Qui de nous en aura la joie.

Celui qui le premier a pu l’apercevoir

En sera le gobeur ; l’autre le verra faire.

– Si par là on juge l’affaire,

Reprit son compagnon, j’ai l’oeil bon, Dieu merci.

– Je ne l’ai pas mauvais aussi,

Dit l’autre, et je l’ai vue avant vous, sur ma vie.

– Eh bien ! vous l’avez vue, et moi je l’ai sentie.

Pendant tout ce bel incident,

Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge.

Perrin fort gravement ouvre l’Huître, et la gruge,

Nos deux Messieurs le regardant.

Ce repas fait, il dit d’un ton de Président :

Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille

Sans dépens, et qu’en paix chacun chez soi s’en aille.

Mettez ce qu’il en coûte à plaider aujourd’hui ;

Comptez ce qu’il en reste à beaucoup de familles ;

Vous verrez que Perrin tire l’argent à lui,

Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles.

Exemple d’un plan de commentaire de texte sur la fable l’Huître et les plaideurs, Jean de La Fontaine, second recueil, livre IX, 1678.

(ceci n’est évidemment pas un modèle, mais un exemple. Votre réflexion personnelle peut vous mener vers d’autres pistes de lecture).

Introduction :

La Fontaine, grande figure du classicisme, remet au goût du jour le genre de la Fable au XVIIème siècle, en s’inspirant des Anciens, notamment d’Esope et de Phèdre. Dédicacées au Dauphin (l’héritier de Louis XIV), il utilise souvent le monde animal pour dénoncer les injustices de son temps. La forme de la fable correspond parfaitement l’idéal classique de brièveté, et du « plaire et instruire ». (contexte littéraire et auteur).

Cette fable ne se déroule pas dans l’univers animal. Elle met en scène deux promeneurs qui découvrent une huître et s’opposent pour la manger. Un troisième personnage arrive et finalement emporte l’huître. Cette fable est une critique de la justice. (présentation du texte).

Comment le fabuliste nous montre-t-il les incohérences de la justice de son temps ? (problématique)

Nous montrerons dans un premier temps que le récit est vif et instructif, puis nous analyserons la satire judiciaire et sociale effectuée par l’auteur. (annonce de plan)

(introduction en quatre parties : accroche, présentation du texte, problématique, annonce de plan).

I- Un apologue classique.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Une écriture rythmée.

    • diversité des vers, hétérométrie avec alternance d’octosyllabes et d’alexandrins.
    • Rythme saccadé et rapide avec une ponctuation abondante.
    • Alternance narration/dialogue.
    • Texte majoritairement au présent qui renforce la proximité avec le lecteur.

b) Un récit comique.

    • comique de situation : rencontre absurde et hasardeuse « Un jour deux pèlerins sur le sable se rencontrent », personnification de l’Huître
    • comique de mots, avec un langage familier : « gober », « gruge », « le sac et les quilles ». Des expressions imagées avec un langage familier encore : « Ils l’avalent des yeux »(v.3), « A l’égard de la dent »(v.4), métaphores comiques.
    • comique de geste : « sentie », « le regardant », « du doigt », « L’un se baissait déjà »(v.5).
    • Scène théâtrale, qui reprend des principes traditionnels de la comédie.

c) Une argumentation.

    • structure de la fable respectée : situation initiale : l.1-3 péripéties en deux temps : l.4-15 : opposition l.15-22 : jugement

morale : l.23-27

    • histoire=illustration de la morale.
    • Cherche à persuader le lecteur en s’adressant à lui directement, utilisation de la deuxième personne du pluriel : « Mettez », « Comptez », « Vous verrez ».

(phrase de transition/conclusion lors de la rédaction de la partie)

II- Une parodie de justice.

( phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Un tribunal improvisé.

    • l’Huître : le problème, revendication de propriété.
    • Deux plaignants avec le début d’une enquête « qui l’a aperçut le premier ». Confrontation des preuves et des arguments.
    • Un juge : « Perrin Dandin », le seul à être désigné par son nom. Intervention, car pas de solution à l’amiable.
    • Champ lexical enfin développé de la justice : « contester », « juge l’affaire », Président », « la cour », « plaider », « plaideurs ».

b) Critique du fonctionnement judiciaire.

    • Corruption des magistrats : « et le gruge ».
    • inefficacité de la justice, car les deux plaignants ressortent du jugement mécontents. Faux jugement de Salomon de la part de Perrin Dandin, il partage les restes de l’huître : « Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille ».
    • Une justice coûteuse (v.23), qui profite aux magistrats (v.26), évocation de la corruption des juges.

c) Une satire sociale.

    • les deux plaignants n’ont pas d’identité : « Pèlerins »(v.1), « Messieurs »(v.18). Représentation de la petite bourgeoisie attachée à la propriété, mais dépendante politiquement et judiciairement de la noblesse.
    • Le juge possède par contre une identité complète avec ses nom et prénom, et un titre « Président ». Représente une noblesse de robe qui s’est élevée au XVIIème siècle par l’achat de charges. Il abuse de son pouvoir et de son autorité.
    • Les plaideurs du tiers-état sont toujours perdants face à la justice aristocratique.

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

Conclusion :

Cette fable de La Fontaine respecte le principe du classicisme « plaire et instruire ». Elle plaît par son récit vivant, et son écriture rythmée. Elle instruit par son argumentation, et sa morale. Ici, le fabuliste ne s’attaque pas aux courtisans, mais à la justice. Il offre un témoignage intéressant sur la machine judiciaire de son époque et le déroulement d’un procès. (réponse à l’annonce de plan).

A travers ce récit imaginaire, autour d’un litige ridicule, une huître, La Fontaine fait le procès d’une justice corrompue, inefficace et incompétente. Seul, le juge ressort du procès gagant, alors que sa fonction lui confère logiquement un rôle d’arbitre. Sans l’expliquer ouvertement, il critique aussi le pouvoir de la noblesse de robe, et l’abaissement du Tiers-Etat face à la justice. (réponse à la problématique).

Cette fable écrite avec des personnages humains peut nous rappeler celle des « Animaux malades de la Peste » avec des animaux. En effet, la justice des puissants s’abat sur l’âne représentant le faible, le roturier, le Tiers-Etat. Si les situations des deux apologues sont différentes, la volonté du puissant s’applique dans les deux cas. (ouverture)
(conclusion en trois parties avec réponse à l’annonce de plan, réponse à la problématique, et ouverture)

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