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Forme fixe poésie: pantoum.
Pantoum (ou pantoun,ou pantun):c’est une forme poétique d’origine malaise, qui fait partie de la mode orientale débutée sous le romantisme dans la première partie du XIX eme siècle. Un pantoum est composé de quatrains dont le deuxième et quatrième vers sont repris comme comme premier et troisième vers du quatrain suivant.
En langue française, le pantoum doit logiquement observer une régularité avec des octosyllabes ou décasyllabes, des rimes croisées et un dernier vers qui reprend le premier. De plus, les deux premiers vers de chaque strophe se concentrent sur un thème, et les deux vers suivants sur un autre. L’auteur file donc tout au long du texte deux idées différentes.
Comme rappelé au-dessus, la popularité de cette forme poétique a débuté pendant la période romantique, notamment avec Victor Hugo en 1829 et la reprise de la traduction par Ernest Fouinet d’un pantoum malais dans son recueil Les Orientales(note XI, 1829).Plus tard, le parnassien Théodore de Banville dans son Petit Traité de poésie française (1871) le met aussi à l’honneur en le décrivant. Leconte de Lisle, Baudelaire ou Verlaine se plieront aussi à cet exercice de manière plus ou moins précise.
Exemples:
Pantouns Malais
I.
L’éclair vibre sa flèche torse
À l’horizon mouvant des flots.
Sur ta natte de fine écorce
Tu rêves, les yeux demi-clos.
À l’horizon mouvant des flots
La foudre luit sur les écumes.
Tu rêves, les yeux demi-clos,
Dans la case que tu parfumes.
La foudre luit sur les écumes,
L’ombre est en proie au vent hurleur.
Dans la case que tu parfumes
Tu rêves et souris, ma fleur !
L’ombre est en proie au vent hurleur,
Il s’engouffre au fond des ravines.
Tu rêves et souris, ma fleur !
Le cœur plein de chansons divines.
(…)
Extrait strophes 1-4 du recueil Poèmes tragiques, « Pantouns Malais I », Leconte de Lisle, 1884.
Pantoum régulier en octosyllabes, avec reprise des vers 2 et 4 de chaque quatrain dans le suivant au vers 1 et 3. Les rimes sont croisées. La nature s’expose dans les deux premiers vers des quatrains, tandis que les deux derniers de chaque strophe évoque une femme aimée. Et le dernier vers du poème reprendra le premier.
Harmonie du soir
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
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