Deuxième nouvelle: Les frigos géants, partie I.

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Nouvelle du monde d aujourd’hui et de demain.

 

Deuxieme nouvelle.

Les frigos géants.

 

Partie I: Une annonce fracassante.

 

Quelle invention le réfrigérateur ! Avant conserver les aliments réclamait des trésors d’inventivité. Avec le frigo, on referme juste la porte. Créer de la chaleur est à la portée de n’importe quel Cro-Magnon maîtrisant la technique du feu. Refroidir, cela tient plus de la magie. 

Dans un bâtiment immense d’une base aérienne américaine, des milliers de journalistes assistent avec impatience à une conférence de presse historique. Le PDG de GEC (General Energy Climate) Richard Hoorvald a promis de présenter une solution au réchauffement climatique. 

– Faites confiance à l’intelligence humaine! s’époumona Richard Hoorvald face aux médias rassemblés devant lui.

La conférence de presse avait débuté depuis moins de quinze minutes, et les questions fusaient déjà avec une grande rapidité. Face à un public incrédule, ou souhaitant éviter de faux espoirs, le PDG de GEC abattait fougueusement son argumentation.

Oui, le réchauffement climatique pouvait être combattu grâce à la technologie et à la science. Non, ce n’est pas une fatalité. Il faut croire au progrès. Il faut croire au réfrigérateur géant.

Sa firme venait de mettre au point une technologie révolutionnaire. Elle avait déposé un brevet de fabrication de réfrigérateur géant : 300m de hauteur, 100m de largeur, 100m de profondeur sans porte évidemment, pour refroidir l’air. Cette conférence de presse servait à présenter le premier prototype. En plein milieu du mois d’Août avec une nouvelle canicule tangeantant les 50° dans le Nord-Est américain, l’Europe et l’Asie orientale, l’intérêt suscité balayait tous les autres sujets d’actualité. Une infidélité du président de la République se verrait reléguer en brève de bas de page.

La salle, pourtant climatisée, approchait les 40°en température tellement la chaleur oppressait l’air, tellement le nombre de journalistes et de caméras était important. Afin de faire sa publicité, GEC avait accrédité plusieurs milliers de journalistes du monde entier.

Richard Hoorvald le savait, il fallait vendre cette idée. Si les populations le réclamaient, les gouvernants financeraient.

– Des réfrigérateurs géants pour refroidir l’atmosphère, cela peut paraître un peu irréel en 2040, M. Hoorvald. Qu’en-est-il de la production de chaleur de ces réfrigérateurs? questionna le journaliste du Post US.

– Comme je l’ai précisé en préambule, notre projet se fonde sur deux points: l’impact positif et l’impact zéro, réduire la température avec zéro pollution. Je crois même que nos équipes marketing auraient pu mieux travailler, car au-delà d’une absence d’impact sur l’environnement, nous visons une production nette d’énergie. Nous soulagerons l’environnement et laisserons mieux et plus aux générations futures. Nous refroidirons la planète, en inventant un développement hyper-durable, clama-t-il sûr de son effet.

– Ce sont des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient, asséna un autre journaliste du quotidien français Vérité Paris. Donnez nous des faits, des explications, pas à nous, mais à travers nous aux citoyens du monde!

– Ce ne sont pas des promesses. Ce sont des faits. Vous pouvez voir sur vos tablettes les informations transmises par notre service technique. Un sarcophage isotherme entoure le réfrigérateur. Ainsi, la chaleur produite est captée, puis utilisée pour diverses applications: chauffer des bâtiments, des piscines… Nous discutons déjà avec des collectivités locales où nous imaginons installer de futurs frigos géants pour employer cette nouvelle source thermique. Pas de perdition donc, mais de la production. Refroidir et produire, voici la devise du projet! s’enthousiasma Richard.

– Soit, et que deviennent les fluides frigorigènes incroyablement producteur de CO2? interrogea une intervenante de la revue Nature and Human Being.

– Déjà, comme vous le savez très bien, les différents protocoles depuis celui de Montréal en 1987 ont réduit drastiquement l’effet néfaste de ces fluides. Ensuite, nous prévoyons la création de sites de traitement et de dépollution des liquides frigogènes sur tous les continents. Nous avons envisagé le projet sous tous ces angles. Les infrastructures mises en place prendront aussi en compte gracieusement le retraitement des frigos domestiques, mit-il en avant avec magnanimité.

– Quelle est la durée de vie de vos frigos géants ? nouvelle question immédiatement d’un autre journaliste.

– Alors, théoriquement les appareils peuvent fonctionner pendant une trentaine d’années. Leur structure est quasiment inusable. Les moteurs, le revêtement intérieur, et les tuyaux eux se détériorent. Avec la maintenance adéquate, ils devraient tenir trois décennies.

– Et ensuite? attaqua directement une nouvelle question.

– Nous renouvellerons les matériels obsolescents, nous découperons et retraiterons évidemment les anciens. En plus, de l’apport environnemental de ces machines, le bénéfice pour l’emploi s’annonce énorme.

Brouhaha dans l’entrepôt, de nombreux journalistes hurlent des questions. Personne ne s’entend. Toutes ces nouvelles créent une effervescence incontrôlable. Richard Hoorvald hausse la voix.

– Calmez vous! Calmez vous! Je vais répondre si je peux être en capacité d’entendre une question.

Le calme revient peu à peu. Un journaliste en profite pour prendre la parole.

– Qu’entendez- vous par création d’emplois? Combien ? Quand? Pour qui? saccada-t-il.

Le PDG souriait intérieurement. Il sentait venir la victoire. Bien qu’il proposait une solution pour le climat, l’economie triomphait et excitait les passions. Et il détenait le trésor qu’ils attendaient.

– C’est une excellente question. Merci de la poser. Les premières perspectives évoquent à l’échelle mondiale plusieurs dizaine voire centaines de milliers d’emplois de toutes sortes, et non délocalisables puisqu’attachés aux appareils. Le fonctionnement, l’entretien, la surveillance d’un frigo géant nécessite un personnel d’environ huit cents personnes compte tenu de la taille de l’édifice, et de son utilisation 24h/24.

– Vous comptez en fabriquer combien?

– Un millier répartis sur tout les continents, et aux pôles Nord et Sud. Nos scientifiques aidés par des chercheurs de différents pays ont ciblé un millier de points stratégiques par rapport aux masses d’air, aux vents, aux anticyclones ou dépressions observés pour être le plus efficace possible et revenir à la température moyenne de 1970. J’oubliais bien sûr les installations off-shore agissant sur les océans.

Un nouveau silence se fit. L’auditoire réfléchissait et était captivé. La partie était gagnée pour GEC.  Hoorvald en avait maintenant la certitude. Le moment était venu de porter l’estocade, le coup fatal.

– Je vais au G 20 après-demain présenter aux grandes puissances notre plan d’action. En-dehors de détails subséquents, avec une approbation et un engagement pour les fonds nécessaires à l’entreprise (le mot fatidique était lâché, « financement ») de la part des gouvernements, nous pouvons commencer dans deux mois. Et ainsi commencer à gagner du terrain sur le réchauffement climatique! termina-t-il avec emphase.

Quelques applaudissements au départ timides se transformèrent rapidement en une une vague assourdissante. Les milliers de journalistes se tenaient debout à féliciter le sauveur de l’humanité. Richard Hoorvald se plut à imaginer l’apparence de la prochaine statue qu’ils érigerait de sa personne. Il la verrait  bien devant le siège de l’ONU.

(La suite vendredi: la vie avec les frigos géants.)

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