Conte de Noël intégral : Les petits chats et la boucle d’oreille enchantée.

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Conte de Noël: Les petits chats et la boucle d’oreille enchantée.

 

Chapitre I: des amoureux en détresse.

Dans un petit appartement, cocon de livres bohème, vivait un couple mignon. Ils se connaissaient depuis longtemps. Ils s’étaient rencontrés jeunes dans des livres déjà. Ils avaient vécu ensemble depuis. Ils avaient aussi avec eux deux chats.

La force de leur union les avait fait traverser de nombreuses épreuves. A chaque fois, ils avaient réussi à conserver leur trésor, leur amour, toujours accompagnés par des chats. Seulement, aujourd’hui, à l’approche de Noël, la tristesse les a envahi. La petite L. et le petit J. ne savent plus comment faire, à part se fuir. 

Une lourdeur méchante s’est déposée dans le cocon de livres et de chats. Elle reproche à J. ses piques, qu’elle croit faire partie de son caractère. Il reproche à L. ses mensonges qui l’ont beaucoup blessé. Ni l’un, ni l’autre ne sait y faire, alors qu’ils en ont la volonté. Le silence, les mauvais mots, les absences ont remplacé les sourires, les chants et les danses. 

À l’approche de Noël, ils sont proches de ne plus jamais se voir. Le plafond de leur cuisine est tombé. L. et J. ont perdu leur magie. Il faudrait un miracle pour qu’ils puissent s’embrasser sous le gui.

Regardant d’un œil inquiet la mésentente de leurs maîtres, les deux chats réfléchissaient, entre ronronnements, croquettes et siestes. Ils se faisaient du mouron, et non sans raison. Ils préféraient de loin quand L. et J. étaient main dans la main. Ils ne voulaient pas habiter ailleurs. Ils voulaient garder leur foyer bohème dans lequel ils pouvaient parader, partout faire leurs griffes, sauter et se chamailler sous les regards amusés du joli couple avec qui ils vivaient (ou qui vivait avec eux, ce sont des chats.)

Ils priaient en miaulant le dieu des petits chats quand L. ou J. était absent. Ils disaient dans leur langue: L. arrête tes bêtises, J. sois calme et patient. Mais, le message ne passait pas. Les humains sont décidément têtus pour se faire du mal, se dirent les chats.

Alors, ils se réunirent en conciliabule tous les deux un après-midi où leurs maîtres travaillaient. Après une longue conversation, ils décidèrent d’agir. Il restait peu de temps avant Noël. Ils sentaient l’urgence de la situation et avaient besoin de ce temps des miracles…

Chapitre II: Fierbidon et Jolibidon en action.                           

« -C’est de ta faute!

  – Non, c’est toi qui a commencé… »

Qu’elle atmosphère agréable, une véritable ambiance de fêtes ! Fierbidon et Jolibidon, nos deux félins en quête de solution, se souvinrent qu’après une dispute, ils n’avaient pas mangé pendant plusieurs jours à cause de l’inquiétude et de l’angoisse. 

« – Miaou Jolibidon, il faut agir!

  – Miaou Fierbidon, allons-y!

  – Par où commencer, miaouuuu.

  – Déjà leur montrer qu’ils veulent la même chose, miaou. »

J. avait un carnet qu’il gardait secret, dans lequel il notait les bonnes choses qu’il pensait d’L., des jolis mots doux et sucrés, pas ceux qu’il disait. L. gardait ses attentes et ses vérités dans des écrits en-dehors du foyer. Plus compliqué. Mais le dieu des petits chats avaient doté Fierbidon et Jolibidon d’une grande intelligence! 

Alors que leurs deux maîtres s’endormaient péniblement dans deux endroits différents puisque J. était parti, Joli lisait avec sa vision nocturne les pages du carnet qu’il avait subtilisé dans le sac à dos de J. Il faisait tourner les pages par un petit coup de griffe dans le coin droit. Il sélectionna les jolis moments que L. pourrait aimer, qui pourraient l’émouvoir.

Pendant ce temps là, Fierbidon cherchait dans l’ordinateur de L. des textes qui rassureraient J., lui mettraient la puce à l’oreille sur son amour profond. Il connaissait le mot de passe, à force de l’observer en télétravail. 

Joli expurgea du carnet les mauvaises pages, et alla le déposer au petit matin, une fois sa lecture et sélection terminée, au pied du sapin. Fier fit un copier/coller des mots les plus beaux de L. pour J. et l’envoya par mail. Quels petits chats malins! 

Contents de leur coup, ils purent enfin s’assoupir. Ils en oublièrent même la faim, et laissèrent des croquettes abandonnées dans leur écuelle. Ils avaient hâte d’être à demain pour suivre le déroulement de leur stratagème.

Chapitre III: Il va falloir persévérer.

Le lendemain, rien. Ils avaient espéré que J. revienne un bouquet de fleurs à la main, ou L. vole vers lui pour entendre de nouveau sa voix. Mais, rien. Les deux amoureux incompris restaient éloignés, devenaient chaque jour de plus en plus des étrangers. Quelle déception pour nos deux petits chats, Fierbidon et Jolibidon! 

Il fallait persévérer se dirent-ils dans leur langue miaouesque. Parer au plus pressé avant Noël. L. était sur le point de changer d’appartement, quand J. faisait déjà ses cartons. Nouveau défi : retarder le plus possible l’emménagement de L. Comment s’y prendre? Il allait falloir quelques coups de papattes magiques. 

L. jonglait entre son télétravail et la finalisation de son nouveau bail ce jour-là. Tout d’un coup, elle entendit venir de la chambre un râle de souffrance. C’était Fierbidon sur le lit. Elle se précipita. Il avait l’air d’être au plus mal. Elle prit peur, et décida en urgence de l’emmener chez le vétérinaire. Dans sa précipitation, elle oublia de fermer son ordinateur… Les deux chats malins avaient bien compté sur ce coup de pouce…

Fierbidon et sa maîtresse partis, Jolibidon se plaça au bureau et regarda les mails. Il saisit celui concernant le nouvel appartement, et sa plus belle griffe, rédigea une réponse qui disait que finalement la signature était annulée. Il effaça le mail après l’avoir envoyé. Ensuite, il bloqua l’ordinateur. Un Miaou de soulagement plus tard, Fierbidon et L. étaient rentrés.

D’un clin d’oeil félin, Joli avertit Fier que l’opération avait été rondement menée. Fier émit un petit cri montrant qu’il avait compris. Ah oui, pas d’inquiétude! Fier avait simulé. Il n’était pas malade du tout. Il fallait juste une astuce pour laisser le temps à Joli d’annuler le départ imminent de L., et pour cela de la faire sortir un certain temps pour qu’elle ne se rende compte de rien. 

Seulement, la joie de nos deux petits stratèges fut de courte durée. Ils n’avaient pas pensé au téléphone. L. vit la réponse au mail de Joli. Incompréhension d’abord, puis énervement ensuite. Elle ne pouvait penser à un coup des petits chats. Elle se disait donc que c’était J. qui lui mettait des bâtons dans les roues. 

Pour Fier et Joli, ce succès éphémère avait fait gagner un peu de temps, mais restait le plus dur: que L. et J. se rapprochent et s’embrassent sous le gui.

Chapitre IV: à la recherche de J.

Les petits coussinets roses et noirs de nos deux compagnons s’activaient en tous sens. Entre les petites oreilles pointues et touffues et jusqu’à leurs truffes roses s’agitaient des neurones bottés prêts à prendre la poudre d’escampette. 

Des ailes pour voler et pas pour attraper les ailes de poulets. Voilà ce qu’il leur faudrait. Mais, ils ne les avaient pas. Ils firent plusieurs fois le tour du sapin avec des incantations de petits bidons pour le dieu des petits chats, en griffant les airs, remontant la queue et agitant leurs moustaches. Ils mirent une pagaille de tous les diables dans le dressing de L.. Ils lacérèrent aussi des sacs. Ils exprimaient leur peine et impuissance de multiples manières. 

L. ne comprenait pas. Prise entre son travail, ses préparatifs, ses peines, ses attentes et ses rêves, elle ne pouvait voir ce qui se fomentait. Elle décida de sortir faire un tour pour le déjeuner du 23 Décembre. Les deux compères en profitèrent et se faufilèrent avec célérité par la porte entrebâillée. Ils sortirent dans la rue à toute vitesse. Elle ne put les rattraper. Ils gambadaient langues pendantes à la recherche de la gare, et surtout le coeur emballé par les voitures, les feux de circulation, les gens…ils n’étaient pas habitués à tout ce tintamarre ces petits chats d’appartement pour qui la terrasse était un terrain d’entraînement!

Ils trouvèrent la gare. Embarquement immédiat pour Saint-Lazare! Les gens les regardaient avec surprise et incrédulité. Fier et Joli s’assirent sur deux places. Ils ne leur restaient plus qu’à présenter leur billet:-) Saint-Lazare, direction le métro, mission : retrouver J., lui parler (c’est à dire miauler). Surtout, créer un électrochoc pour qu’il revienne. Dans le métro, encore pire que le train, du monde partout zigzaguer entre des pieds, des jambes et des sacs, entendre la sonnerie des arrêts aux stations, ils continuaient juste poussés par leur mission. 

Ouf, Jolibidon avait repéré la station. Ils descendirent au bon moment. Pas de contrôleurs, encore heureux, ils n’avaient pas de billet. Cependant, comment retrouver J. dans cette jungle? Ils ne savaient pas…. Fier et Joli refirent une petite prière au dieu des petits chats… (À suivre) darling_jf@yahoo.fr

Chapitre V: Lueur d’espoir.

Nos deux petits cœurs généreux arpentèrent les rues à la recherche de leur maître bien-aimé. Ils usèrent du nouveau super-pouvoir octroyé par le dieu des petits chats : la truffe formidable. Ils humèrent en frétillant des narines. Leur odorat si fin portait très loin. Ils reconnurent l’odeur familière de J. et se laissèrent guider par le fumet.

Ils retrouvèrent J. Ils le virent accoudé à une fenêtre en train de regarder l’horizon avec des yeux déterminés. Leur odorat extraordinaire leur permit de ressentir ses pensées. Un grand froid s’installa dans leurs petits êtres. J. travaillait à se détacher totalement de L., à ne plus jamais la voir, à l’effacer de son cœur et de son esprit! Non! C’était déjà trop tard? 

Puis, en se concentrant, ils tombèrent sur un filament de chaleur, de tendresse et d’amour bien enfoui mais existant. Cette douce et belle lueur avait la forme d’un cercle. Elle résistait et appelait des temps apaisés. Mais que représentait donc ce cercle? Ils reprirent le chemin du retour en réfléchissant avec concentration. Ils avaient la solution à portée de papatte…

Un éclair de génie de Fierbidon ! Eurêka miaula-t-il ! Ce cercle lumineux, c’est une boucle d’oreille! La boucle d’oreille unique et solitaire que L. avait porté durant de nombreuses années! Il fallait la retrouver. C’était un objet magique, un philtre d’amour, qui pourrait désenvouter la mauvaise sorcellerie qui séparait leurs deux maîtres.

Ils coururent avec leurs petites pattes de rues en rues, de métro en train, de quais en quais, dévalèrent des escaliers, bousculèrent des chiens sans les remarquer, et la langue pendante et essoufflés, ils arrivèrent devant leur maison. L. les aperçut, et toute heureuse de leur retour les fit entrer avec beaucoup de caresses, de câlins et de croquettes. Rassurée, elle partit quelques instants plus tard chercher ses derniers cadeaux de Noël. Nous étions le 24 Décembre.

La porte de l’appartement sitôt refermée, nos deux petits miaous malins se mirent à chercher partout la boucle d’oreille oubliée : chaque sac, boîte, tiroir, dessous de meuble fut fouillé. Ils la dénichèrent enfin! Le trésor tant convoité, la solution tant espérée à portée de griffes. Jolibidon s’en saisit. Il déposa la boucle d’oreille magique sur une table. Fierbidon confectionna un minuscule paquet cadeau en jouant avec une bobine de ruban et un rouleau de papier de Noël. Ils entendirent L. rentrer, et eurent juste le temps de cacher leur cadeau. Elle repartit ,après s’être habillée, pour le réveillon familial. Joli et Fier, plein d’espoir, déposèrent le paquet de la boucle d’oreille magique au pied du sapin. Ils prièrent une dernière fois le dieu des petits chats avant d’entamer une longue sieste bien méritée. Ils avaient hâte d’être au lendemain, de voir le 25 décembre…

Chapitre VI: La magie de la boucle d’oreille.

Le Père Noël était passé durant la nuit. Les enfants se réveillaient avec des rêves de cadeau. Les maisons s’animaient de cris heureux et impatients. Dans la joie et la bonne humeur, les petits de partout découvraient les milliers de jouets déposés. 

Pour Fierbidon et Jolibidon, l’attente était encore longue. L. ne rentrerait que le soir pour découvrir son cadeau, la boucle d’oreille enchantée. En attendant, ils faisaient les cents pattes dans l’appartement. L. ne leur avait pas laissé une pâtée de Noël. Ce 25 Décembre serait le dernier jour de mésentente et de peine. 

En fin de journée, ils entendirent grincer la porte d’entrée. Leurs petits cœurs se soulevèrent. Elle rentrait avec ses cadeaux. Elle ne remarqua pas tout de suite le minuscule paquet au pied du sapin. Puis, elle porta son regard dans la bonne direction. Elle fut surprise et curieuse: « – Que fait donc ce tout petit paquet ici? Je suis grande et ne crois pas au Père Noël. Qui a pu le déposer là ? ». Elle se posait plein de questions. 

Elle prit le paquet et l’ouvrit: « – Mais, c’est ma boucle d’oreille! s’écria-t-elle toute seule. ». Elle se souvint l’avoir retirée il y a plus de deux années. C’était un geste empli de symbolisme, un rite de passage vers une nouvelle vie. Elle la retrouvait maintenant. Comme c’était étrange. Les petits chats la regardaient. Ils sentaient son trouble.

Elle inspectait entre ses doigts la boucle d’oreille. Elle ouvrit le fermoir, et la replaça à son oreille. Tout revint! Tous les beaux souvenirs avec J. Les doutes, les rancœurs, les aigreurs s’effacèrent. Elle fut environnée d’un halo de lumière. La fatigue, les traits durs de son visage, les soucis disparurent. 

Au même moment, la porte bougea. J. apparut. Il avait l’air à la fois triste et en colère, comme il l’était depuis maintenant trop longtemps. Il releva la tête et vit L. avec sa boucle d’oreille. Elle lui souriait. Elle était de nouveau à ses yeux si belle! Il la trouvait transformée. Dans son cœur et sa tête, il retrouvait la bonne fée qu’il avait connue pendant tant d’années. Il se dit que ce que lui avait fait L. de mal était insignifiant. Il lui sourit tel un enfant. 

L. oublia les mots durs de J. et n’eut qu’une seule envie, se laisser bercer dans ses bras:

« – Bonjour, dit-elle avec un soleil dans les yeux.

  – Bonjour, murmura-t-il avec sa voix qu’elle aimait tant.

  – Je suis désolé pour le mal que je t’ai fait, répondirent-ils exactement en même temps!

  – J’arrête les bêtises J. 

  – J’arrête les piques L.

  – Bon, on a du travail. Faut ranger ici

  – Oui. »

Nos deux petits chats étaient aux anges. Ils voyaient leur deux maîtres se sourire avec des étoiles dans les yeux. Ils vinrent vers eux. L. caressa Joli, J. caressa Fier. Les deux ronronnaient très fort. 

L. ne partit pas dans son nouvel appartement. J. revint chez eux. Et ils se mirent à écrire ensemble de belles histoires. La boucle d’oreille enchantée fut gardée précieusement dans une boîte à bijoux rose. Peut-être qu’elle ne servirait plus jamais, car L. et J. n’oublieraient plus qu’ils s’aimaient depuis leur jeunesse, et protégeraient dorénavant ce cadeau avec douceur et tendresse.

Les deux petits chats perdirent leur intelligence. Ils redevinrent des petits bidons qui ne faisaient juste que dormir dans des cartons, manger des croquettes, et ronronner sur les jambes de leurs maîtres-:) 

Si tous les bidons du monde pouvaient se donner la papatte à chaque seconde

Y aurait un peu plus de bonheur sur terre.

Fin.

Darling.

 

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