lescoursjulien.com
Citations célèbres: « Ô ressources infinies de l’épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l’épaisseur des mots! », Proêmes, Ponge, 1948.
Cette citation du poète surréaliste du milieu du XX ème siècle explique clairement une partie de son œuvre, de son imaginaire. Ces mots sont tirés du recueil Proêmes, qui signifient poèmes en prose (non en vers), et aussi poèmes sur des sujets prosaïques, c’est à dire sur le quotidien, sur ce qui est sans importance.
Le sens de la citation par rapport à la carrière de Ponge s’éclaire encore plus à la lecture de son recueil précédent Le Parti pris des choses (1942). Dans ce recueil, Ponge écrivait des poèmes en prose sur des objets, des choses du quotidien comme une huître, un cageot, ou encore un téléphone. Ainsi, le parallélisme de la citation compare les choses et les mots, compare l’épaisseur concrète des choses, leur volume à l’épaisseur des mots, leur volume abstrait, spirituel esthétique et poétique. Une chose se voit, un mot s’entend. Les deux possèdent dès lors une réalité.
L’infini des choses tient à leur impossible définition, comme le rappelait Socrate dans le célèbre dialogue de Platon « Ménon » (vers -402) dans lequel Socrate demande à Ménon de définir une abeille. En apparence simple, l’action s’avère excessivement délicate, car déterminer tous les éléments d’un animal, d’un insecte ou d’une chose est pratiquement impossible d’où les ressources infinies de l’épaisseur des choses. Concernant les mots, cela se comprend aisément. La richesse de la littérature, du langage oral, de la poésie montre bien que la langue est infinie, d’où les ressources infinies de l’épaisseur des mots.
Cette vision de la poésie, si elle appartient pleinement à Ponge, s’inspire évidemment du symbolisme de Baudelaire ou de Rimbaud. Ces poètes maudits du XIX ème siècle ont écrit sur des objets en dégageant ce qui se trouvait derrière les apparences comme dans les poèmes « Les fenêtres » (Le Spleen de Paris, Petits Poèmes en prose , Baudelaire, 1869) ou « le Buffet » (Rimbaud, 1870).
Alors, « les choses » peuvent aussi être une source d’inspiration que l’amour, la tristesse, les paysages ou les grands évènements historiques. Et l’infini de la matière rejoint l’infini de l’esprit! C’est pourquoi les objets sont une ressource infinie pour les mots du poète:
Ô ressources infinies de l’épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l’épaisseur des mots!
lescoursjulien.com
Pages Facebook: Les cours Julien, ou Bac de français
Twitter:@lescoursjulien
Contact: lescoursjulien@yahoo.fr
Ping : Citation à écouter : ô ressources infinies de l’épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l’épaisseur des mots, Ponge, 1948. - Les Cours Julien