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Citations célèbres : « Nous nous aimions comme deux fous/ On s’est quittés sans en parler. », « Arabesque de malheur », Des fleurs de bonne volonté, Laforgue, 1890.
Ces deux premiers vers du poème de Jules Lagorgue sont construits sur un parallélisme qui produit un effet miroir et d’immédiateté entre la passion et l’indifférence.
En deux vers, le poète semble résumer l’amour, sa beauté et sa cruauté, son injustice. Les débuts sont palpitants et extraordinaires, comme deux fous. Tant que l’amour est là, ce sont toujours des débuts, c’est toujours une folie, car cela défie l’individualisme et la raison. Seulement, l’imparfait aimions indique la fin de ce temps idyllique, où seul l’autre comptait, où les esprits, les cœurs et les corps ne faisaient qu’un.
Le second vers frappe par l’ellipse temporelle, le passage soudain d’une époque à une autre. La folie a laissé place à l’indifférence, au silence: sans en parler. La passion des jours heureux ne paraît même pas apporter de malheur, né de nostalgie. La séparation est posée comme un constat froid : On s’est quittés. Ni drame, ni cris, ni colère, ni pleurs n’effleurent les deux anciens amants.
Sans en parler indique en effet que la rupture était déjà faite, déjà consommée chacun de son côté. La fatalité de ce deuxième vers porte un regard triste, presque désespérant sur l’amour, qui balance entre la passion enflammée et l’oubli précipité.
Alors, profitons avec joie et discernement des jours heureux, qui sont les jours amoureux, et tâchons de rendre grâce à ces moments si importants, avant que peut-être l’autre ne devienne un inconnu condescendant.
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