Citations célèbres expliquées: « C’est le bonheur qui me rend triste ; il me force à penser au malheur qui le suit toujours de près. », Nerval, Les filles du feu, 1854.

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Citations célèbres expliquées: « C’est le bonheur qui me rend triste ; il me force à penser au malheur qui le suit toujours de près. », Les Filles du feu, Nerval, 1854.

Cette citation du poète Nerval provient de son recueil Les Filles du feu publié en 1854. Ce recueil est composé de huit nouvelles et de douze sonnets, poèmes réunis sous le titres Les Chimères. La nouvelle dont est tirée la citation est « Corilla ». Cette nouvelle sous forme théâtrale met en scène Fabio un homme puissant qui souhaite attirer l’attention de Corilla. Il emploie un intermédiaire, Mazetto, pour porter ses lettres et les réponses de Corilla. Ce dernier organise une rencontre entre Fabio et Corilla (en fait une fausse Corilla) qui met Fabio dans de bonnes dispositions.

Fabio, ayant donc l’espoir de séduire Corilla, se met tout de même à douter, et il s’en confie à Mazetto. L’intérêt de cette citation réside dans son paradoxe apparent: C’est le bonheur qui me rend triste. Au premier abord, il apparaît illogique que le bonheur rende triste. Il s’agit de profiter, de le vivre, de prendre la joie qu’il nous donne. Or, ici, Fabio ne le ressent pas ainsi.

En effet, il ne vit pas l’instant présent. Il pense déjà à l’avenir: il me force à penser au malheur qui le suit toujours de près. À l’instant du bonheur, il réfléchit déjà au malheur. À l’instant du présent, il se présente déjà dans le futur. Observons que la pensée de Fabio est pessimiste. Seulement, si elle semble de prime abord paradoxale, elle n’en demeure pas moins rationnelle. Le bonheur ne pouvant être un état permanent, il a une fin. Le bonheur n’existant qu’en contraste avec le malheur, il annonce un malheur à venir. Enfin, un grand bonheur crée une joie, et sa perte crée inévitablement un grand malheur.

Cependant, si la sagesse du propos de Fabio sous la plume de Nerval est indéniable, il n’en demeure pas moins que vivre son bonheur et en profiter sans penser à la suite, aux hypothétiques temps douloureux, est aussi une sagesse de vie bien utile…

C’est le bonheur qui me rend triste ; il me force à penser au malheur qui le suit toujours de près.

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