Citation expliquée: « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. Il y a eu une modernité pour chaque peintre ancien. », Le peintre de la modernité, Baudelaire, 1863.

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Citation expliquée: « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. Il y a eu une modernité pour chaque peintre ancien. », Le peintre de la modernité, Baudelaire, 1863.

Cette citation est l’occasion de rappeler que le grand poète fut aussi un critique d’art, comme l’atteste son recueil posthume, Écrits sur l’art, paru en 1868. Ici, la citation est tirée d’un essai publié en 1863. C’est le dernier écrit sur l’art de Baudelaire. Il étudie la modernité artistique à travers l’oeuvre du peintre Constantin Guys.

La citation définit à la fois la modernité et l’art pour Baudelaire. Elle débute par une énumération qui qualifie ce qu’est la modernité: La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent. Pour le poète, la modernité s’inscrit donc dans le présent et elle passe rapidement (transitoire, fugitif). Elle apparaît aussi s’intéresser à la futilité, au secondaire, au contingent. La modernité en art recueille le moment même sans le réfléchir, sans le relier au passé ou au futur, sans juger de son importance.

Cet ancrage dans le présent constitue la moitié de l’art d’après Baudelaire. Il évoque ensuite l’autre moitié. L’art est alors le fruit d’une dualité, d’une dichotomie: l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. Nous comprenons bien que la deuxième étape de la citation est paradoxale par rapport à la première. Après avoir posé la modernité, l’inscription dans le présent, l’obsession de l’instant, comme un constituant de l’art, Baudelaire complète sa définition par l’opposé l’éternité, la fixité, un temps long et immobile. Le mouvement de la modernité et l’immobilité des siècles ensemble, en même temps, définissent l’art, éternel et éphémère.

Ainsi, Baudelaire termine par un exemple: il y a eu une modernité chez chaque peintre ancien. Si le peintre ancien est toujours vu et admiré, il a atteint l’éternel. Son œuvre étant restée la même, elle est immuable. Ces qualités qui font l’art d’après le poète sont dès lors réunies. Reste la modernité. Et cette dernière a existé en son temps, en son époque, d’où l’emploi du passé il y a eu. Elle est passée puisqu’elle est par essence transitoire, fugitive.

En conséquence, pour Baudelaire, l’art naît dans le mouvement, l’instant, puis se fige avec le temps. Si une œuvre ne survit pas à son époque, elle n’est pas une œuvre d’art. Si elle ne rend compte du temps de sa création, elle n’est pas non plus une œuvre d’art.

La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. Il y a eu une modernité pour chaque peintre ancien.

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