Chronique de la vie politique française (4): violences policières ou fracture politique et populaire?

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Chronique de la vie politique française (4): Violences policières, fracture politique et populaire? (La crise des ciseaux)

Depuis les manifestations des Gilets Jaunes, la question des violences policières est devenue un sujet politique et social majeur dans le pays. La doctrine de maintien de l’ordre public à la française s’est trouvée remise en cause, alors qu’elle paraissait constituer un modèle respecté et exporté depuis la fin des années 80. De plus, en 2020 a ressurgit la problématique des « bavures », de l’usage disproportionné de la force contre les minorités visibles, et de la discrimination dans les contrôle d’identité. Ici, la déferlante américaine Black Lives Matter, avec comme symbole français l’affaire Adama Traoré, a trouvé une résonance particulière dans l’hexagone. 

Depuis donc fin 2018, l’image de la Police est soumise à la critique. Ses méthodes sont interrogées, le caractère républicain de ses actions questionné. Il semble à priori sain que dans une démocratie soucieuse des libertés de chacun l’opinion publique surveille avec exigence le comportement des forces de l’ordre. L’évidence admet encore que ces dernières doivent, au-delà des représentants politiques, rendre des comptes à la population qu’elles protègent. 

Cependant, dans le même temps, « force doit rester à la loi ». Et la Police possède seule sur le territoire l’usage de la force légitime. Elle ne peut renoncer à la coercition ou à la violence lorsqu’elles sont nécessaires, même s’il est toujours pour n’importe quel désagréable d’y faire face. Enfin, tout le monde constate une hausse du degré d’agressivité dans la société. Les violences en manifestation, les violences gratuites, les violences de clans, de gangs et les violences contre la Police elle-même découlent certainement de problèmes économiques, sociaux, éducatifs ou culturels, de la perte d’autorité de la figure de l’adulte et des institutions. Mais, si les causes doivent être analysées et traitées, il n’en demeure pas moins que la Police est confrontée au résultat, et ne peut être désarmée, matériellement ou psychologiquement. 

Cette situation de « ciseaux », entre le nécessaire encadrement de l’action policière, et la nécessaire liberté de son intervention se retrouve dans les prises de position politique ou populaire. Afin de sortir du piège de l’émotion, de l’ornière de la généralisation, il convient de réfléchir aux postures politiques, et aux attentes du peuple avec discernement. 

Le problème de violence policière est certainement accentué par un grossissement produit par les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu. Surtout, la communication policière ne fait pas assez entendre sa voix dans la période d’hyper-médiatisation que nous vivons. Le débat contradictoire se trouve tronqué. Encore, la méfiance se répand chez certains citoyens, à cause d’un manque de transparence. L’IGN semble aujourd’hui dépassée et ne pas du tout remplir un rôle pédagogique, ni de transmission entre l’institution et la population. Il ne s’agit pas de nier les violences policières réelles, mais de mettre leur nombre en perspective avec la masse des interventions. Nous ne sommes pas dans un État policier, seulement dans une société dans laquelle les tensions s’accroissent, et où l’institution policière paraît de plus en plus dépassée. Elle ne sait comment faire face efficacement, avec le maximum de professionnalisme possible, et/ou elle n’a plus assez de moyens matériels, de formation pour gérer avec précision l’agressivité ambiante. 

Le pouvoir participe encore à cette confusion. L’attitude de l’ancien ministre de l’intérieur (M. Castaner) a été tout sauf claire: soutien de ses hommes, ou condamnation de pratiques répétées?  Hors, surtout dans la période actuelle, le pourvoir ne peut se mettre ses forces de sécurité à dos. Il en a besoin. Et d’un autre côté, il doit politiquement et socialement entendre la colère d’une partie de la population. Cependant, au lieu de répondre en profondeur aux demandes des policiers, et de la population, il reste sur des apparences. Le nouveau ministre, M. Darmanain, donne l’impression de diriger ses troupes plus par des formules sur Twitter, que par une stratégie avisée et réfléchie. 

D’un autre côté, la gauche crie au scandale, au complot, à la dissimulation, aux ordres fascisants. La police française ressemblerait à des paramilitaire d’Amérique du Sud, ou à des forces de sécurité aux ordres des pires régimes des heures les plus sombres de l’histoire… A l’inverse, la droite et sa voisine plus extrême ne souffre pas qu’on puisse remettre en cause même des individualités, sous prétexte que cela reviendrait à dénoncer un système. Il n’existe pas, à mon sens de système de la violence ou de la discrimination policière dans notre pays, mais des situations particulières qui ne sont ni jamais tout à fait pareilles, ni jamais tout à fait les mêmes, pour paraphraser.

Et cette généralisation démagogue et immature dans les deux sens fait le lit ou la lie d’idiots utiles (une certaine chanteuse), de responsables politiques très intéressés, d’une confusion dangereuse. L’opinion publique réclame en même temps de la sécurité vis-à-vis des fauteurs de trouble et criminels surtout, une clarté vis-à-vis de la police, dans les cas épineux. Le pays n’est pas en attente de moins de police, mais d’une meilleure police. 

Arrêtons de juger la police à l’aune des personnes qui ne la rencontrent pas, de ceux qui n’en voit pas le besoin. Jugeons son action avec le peuple, celui qui souhaite une sécurité renforcée et des pratiques moins aveugles, plus efficaces. La question est peut-être moins celle des violences policières, que celle de l’efficacité policière, et …. de la réponse judiciaire. Les policiers délinquants doivent être arrêtés, mais l’action de la police doit être soutenue.

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