Ariettes oubliées III (3), Romance sans paroles, commentaire, analyse, Verlaine, 1874.

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(voire aussi l’article dans la catégorie méthodologie, l’article ariettes oubliée, pour une analyse pas à pas expliquée).

 

Ariettes oubliées III (3), « Il pleure dans mon coeur », Verlaine, Romance sans paroles, 1874.

 

Ariettes oubliées

III

Il pleut doucement sur la ville.

(Arthur Rimbaud)

 

 

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.


C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peine !

 

Verlaine, Romance sans paroles, 1874.

 

Exemple d’un plan de commentaire avec introduction et conclusion de « Ariettes oubliées III (3) », Verlaine, Romance sans paroles, 1874.

(Ceci n’est évidemment pas un modèle, mais un exemple. Votre réflexion personnelle peut mener à d’autres pistes de lecture).

 

Introduction :

 

Verlaine, poète parnassien puis symboliste du XIXème siècle, grande figure des poètes maudits, il reste connu pour son œuvre riche et personnelle, et pour sa vie mouvementée. Amant de Rimbaud de 1871 à 1873, il est emprisonné ensuite jusqu’en 1875. Sa poésie est caractérisée par la musicalité de ses vers, son lyrisme, son appel aux sensations visuelles et auditives, ainsi que par la mélancolie. (accroche)

Le recueil Romance sans paroles paraît d’ailleurs pendant son emprisonnement. Constitué de poèmes écrits pendant ses pérégrinations avec Rimbaud, et pendant son incarcération, le recueil débute par la section intitulée « Ariettes » avec neuf poèmes. Sous l’inspiration de Rimbaud (comme le montre d’ailleurs la dédicace du texte étudié), Verlaine s’inspire de ces airs légers et courts qui se chantent avec paroles et accompagnement, et viennent d’Italie. L’Ariette III se présente sous la forme de quatre quatrains. L’auteur nous fait part de son état d’esprit lors d’un moment pluvieux. (présentation du texte)

Comment le poète nous transmet-il son état-d’âme ? (problématique)

Tout d’abord, nous mettrons en avant le caractère expressif du texte, à travers son lyrisme et son registre pathétique. Puis, nous analyserons le sentiment mélancolique de Verlaine, qui s’allie à la monotonie du moment. (annonce de plan).

(introduction en quatre parties : accroche, présentation du texte, problématique et annonce de plan).

 

I- Un poème lyrique et pathétique.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

 

a) Un poème musical.

 

  • reprises de sonorités avec des assonances comme « pleure/pleut »(v.1,2), ou allitérations comme par exemple en « r », « langueur/pénètre/coeur »(v.3,4).
  • Rythme impair typique de Verlaine (voire poème Art poétique avec les rimes (v.1,3,4 en « eur »), même modèle à chaque strophe.
  • Rythme donné par les répétitions : « coeur » (5 fois dans le texte), « pluie », « raison » ou « peine ». Vers courts (hexasyllabes) et enjambements (v.1,2 par exemple) qui augmentent la rapidité du poème.
  • Enfin, évocation musicale avec les sonorités mélodieuses de la deuxième strophe : « O bruit doux »(v.5), « O le chant de la pluie ! »(v.8).

 

b) Un lyrisme personnel.

 

  • utilisation de la première personne du singulier tout au long du poème : « mon coeur »(v.1, 4, 16).
  • expression de sentiments : ponctuation expressive avec des exclamations (v.6,8,11,16), répétition de cœur nous indiquant qu’il nous parle de ses émotions.
  • Un paysage état-d’âme : « ville »(v.2), lieu de la multitude, mais aussi de la solitude, « pleut », « pluie », « pluie ! » (v.2, 4, 8), temps maussade, triste reflet de l’humeur de Verlaine. Procédé habituel chez le poète.

 

c) La souffrance portée par le registre pathétique.

 

  • champ lexical développé de la douleur morale, psychologique dans le poème : « pleure »(v.1, 9), « deuil »(v.12), « peine »(v.13,16). Registre pathétique donc présent dans tout le poème.
  • Mise en avant de cette douleur par des répétitions (cœur, pleure et peine), et une place particulière pour les mots « peine! »(v.16) à la toute fin du poème. Idée qui reste dans la tête du lecteur.
  • Mais pire encore que cette souffrance, peut-être le vide, parallélisme du vers 15 : « Sans amour et sans haine ». Etat d’âme sans émotion de l’auteur, dépression.

 

(phrase de conclusion/transition lors de la rédaction de la partie)

 

II- Le « spleen » de Verlaine.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

 

a) Description de son humeur dépressive.

 

  • champ lexical développé de la dépression : « langueur »(v.3), « s’ennuie »(v.7), « s’écoeure »(v.10), « tant de peine ! »(v.16). Thème principal du poème.
  • Mal intérieur : « dans mon coeur »(v.1). Solitude devant la dépression : pas d’autre présence que celle du poète, pas d’influence humaine extérieure.
  • Mal sans cause : « sans raison »(v.9,12) répétition pour insister sur cette absence de cause, de motivation de la souffrance « De ne savoir pourquoi »(v.13). Pas de solution alors, puisqu’impossible de retourner aux origines de ce mal. Constat d’échec, et renforcement de l’humeur dépressive (fin avec un « ! »).
  • mal indépendant de lui avec la personnification du cœur tout au long du poème. Le cœur paraît presque extérieur, et prend ses propres décisions.

 

b) Un état sans échappatoire.

 

  • Les tournures impersonnelles « Il pleure » (v.1), « il pleut »(v.2), « Il pleure »(v.9), ainsi que l’utilisation du présent de vérité générale « Ce deuil est sans raison »(v.12), « C’est bien la pire peine »(v.13) donnent une impression de fatalité, à laquelle on ne peut échapper.
  • Négations insistant sur le vide contre le quel on ne peut se battre : « nulle trahison?(v.11, « ! » marque la surprise, presque le déception), « De ne savoir »(v.14) répétition « sans » (v.15).
  • Poème avec une structure circulaire, symétrique (coupé en deux parties égales avec l’anaphore « Il pleure »(v.1,8) avec des strophes de même format, à la même structure de rimes, dont le début et la fin sont encadrés par le même mot.
  • Poème qui avance de l’extérieur (présence de la pluie, de la ville) vers l’intérieur (vers lui et son état d’âme, plus de présence de l’environnement).

 

c) La monotonie.

 

  • La construction du poème est marquée par la monotonie, la reprise du même rythme : quatre strophes de quatre vers, structure de rimes semblable, même vers (hexasyllabe) tout du long. Le texte paraît linéaire.
  • Figures de style qui renforcent ce sentiment de répétition, de monotonie : parallélismes (v.6, 15), anaphore (v.1, 8), allitérations et assonances (en « p », en « r », ou en « eu »), et répétitions (cœur, pluie, raison, peine, pleure).
  • Monotonie du moment décrit. Rien ne change entre le début et la fin du poème : « Il pleure dans mon coeur »(v.1), « Mon cœur a tant de peine »(v.16). La situation de Verlaine est inchangée. Rien ne se passe ; même pas de réponse à ses questions : « Qui pénètre mon cœur ? »(v.4) « De ne savoir pourquoi ? »(v.14).
  • La monotonie crée l’ennui : « Pour un coeur qui s’ennuie »(v.7), cause de son mal-être, de son « spleen ».

 

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction).

 

Conclusion :

 

Verlaine exprime son état-d’âme, et le décrit à travers ce poème. Il expose sa douleur par les registre lyrique et pathétique, avec la musicalité particulière de sa poésie. Sa mélancolie provient de l’ennui, de la monotonie du moment présent. Cette dernière paraît sans issue, et encercle le poète, et le poème. (réponse à l’annonce de plan).

Par son écriture expressive, sa musique mélodique, sa fluidité, ce poème transmet au lecteur l’humeur mélancolique du poète. D’un air léger, comme les ariettes, Verlaine s’interroge sur ce sentiment, et nous montre qu’il n’existe pas de réponse. La tristesse, sentiment universel, apparaît comme une fatalité, qu’on ne peut que subir. (réponse à la problématique)

Malgré la dédicace à Rimbaud (qui se comprend par rapport à la période de la vie de Verlaine), le poème et son sujet rappellent Baudelaire, et son « spleen ». Le spleen baudelairien provient de l’ennui, paraît fatal, et sans issue comme dans un de ces quatre poèmes intitulés « Spleen » , « Quand un ciel bas et lourd », Spleen LXXVIII, Les Fleurs du mal (1857). (ouverture)

(conclusion en trois parties avec la réponse à l’annonce de plan, à la problématique, et à l’ouverture).

(voire aussi l’article dans la catégorie méthodologie, l’article ariettes oubliées, pour une analyse pas à pas expliquée).

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