Après trois ans,Poèmes saturniens, Paul Verlaine, 1866, commentaire, analyse.

 

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Après trois ans, Paul Verlaine, 1866.

Après trois ans

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.

Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.

Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
– Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.

Paul Verlaine, 1866, Poèmes saturniens.

Exemple d’un plan de commentaire du poème « Après trois ans », Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866.

(Ceci n’est pas un modèle, mais simplement un exemple. Votre réflexion personnelle peut évidemment mener à d’autres pistes de lecture)

Introduction :

Verlaine, poète parnassien puis symboliste du XIXème siècle, grande figure des poètes maudits, il reste connu pour son œuvre riche et personnelle, et pour sa vie mouvementée. Amant de Rimbaud de 1871 à 1873, il est emprisonné ensuite jusqu’en 1875. Sa poésie est caractérisée par la musicalité de ses vers, son lyrisme, son appel aux sensations visuelles et auditives, ainsi que par la mélancolie. (accroche)

Le poème proposé est tiré du recueil Poèmes saturniens, le premier publié par Verlaine en 1866, de la première section de l’oeuvre « Melancholia ». Il se présente sous la forme d’un sonnet composé d’alexandrins, et a pour thème la mélancolie, un thème cher à l’auteur. Cette dernière se manifeste lors de la visite d’un jardin où Verlaine avait l’habitude de se promener avec sa cousine, devenue sa sœur adoptive, Elise Moncomble. (présentation générale du texte)

De quelle manière le poète évoque-t-il des souvenirs passés ? (problématique)

Tout d’abord, nous analyserons la description lyrique du jardin, la description de son retour en ce lieu, puis nous montrerons qu’il constitue un paysage état-d’âme. (annonce du plan)

(introduction en quatre étapes : amorce avec informations sur l’auteur, présentation générale du texte, problématique, annonce du plan).

I- Le retour au jardin.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Une description lyrique.

    • omniprésence de la première personne du singulier dans chaque strophe : « Je me »(v.2), « J’ »(v.5), « m’ »(v.11), « j’ »(v.12)
    • Lieu connu de la part de l’auteur : articles définis « la »(v.1), « le »(v.2), « le »(v.8)…Les objets cités sont familiers. Il connaît ce jardin : »J’ai tout revu »(v.5).
    • Lecteur qui accompagne le poète dans sa promenade. Description en mouvement de l’entrée vers le bout du jardin : « la porte étroite »(v.1) à « bout de l’avenue »(v.13).
    • Moment de vie réelle et vécu de l’auteur. Lyrisme renforcé par une nature bucolique : « Qu’éclairait doucement le soleil du matin »(v.3), « Pailletant chaque fleur »(v.4)…

b) Une description picturale et vivante.

    • Jeux de lumière : « le soleil du matin »(v.3), « Pailletant »(v.4). Aurore avec la rosée.
    • Couleurs douces : le soleil de l’aurore éclaire « doucement »(v.1), l’oxymore « humide étincelle »(v.4) atténue l’éclat des gouttes de rosée, « Les roses »(v.9)
    • Les sensations évoquées paraissent aussi douces et paisibles : « murmure argentin »(v.8) pour l’ouïe, « l’odeur fade du réséda »(v.14) pour l’odorat, alors que cette plante est connue pour être particulièrement odorante.
    • Le jardin semble décrit, dépeint à la manière d’un tableau impressionniste avec une atmosphère simple et tranquille, avec un paysage d’où se dégage des sensations fugitives, pas agressives.

c) Un jardin à la française.

    • Composition organisée du jardin, construit le long d’un chemin.
    • Le deuxième quatrain nous décrit un espace terrasse avec une « tonnelle »(v.5) qui ombrage avec la « vigne folle »(v.6). C’est un espace de repos, ou de réception « avec les chaises de rotin »(v.6). La vision idyllique est complétée par le « jet d’eau »(v.8) et le « vieux tremble »(v.9).
    • Le premier tercet nous montre la deuxième étape du jardin constituée de massifs floraux. personnifiés: »Les roses comme avant palpitent»(v.9), « Les grands lys orgueilleux»(v.10). On les imagine des deux côtés de l’allée.
    • Enfin, la dernière strophe mène au fond du jardin, et à une statue, « la Velléda »(v.12)
    • Jardin qui maintient une harmonie calculée entre le naturel (fleurs, vigne folle, alouette) et l’artificiel (tonnelle, chaises, jet d’eau, Velléda).

(phrase de conclusion/transition à la fin de la partie lors de la rédaction)

II- Un paysage état-d’âme.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Le souvenir.

    • dès le titre, indication d’un poème porté sur le passé, sur le souvenir : « Après trois ans »
    • La porte poussée symbolise évidemment l’immersion dans la mémoire.
    • expressions qui rappellent les temps passés : « Rien n’a changé. J’ai tout revu »(v.5), « toujours » (v.7), adjectif « sempiternelle »(v.8), répétition vers 9 « comme avant », « comme avant ».
    • Musique lancinante du passé qui revient, et dont le poète ne peut s’échapper.
    • Retour dans un décor qui n’a pas changé, même les alouettes sont restées les mêmes (V.11).

b) La solitude.

    • Absence d’autre personnage, à part lui, dans le poème. Pas de dialogue non plus.
    • Présence féminine assurée simplement par les fleurs et la statue du bout du jardin.
    • La Velléda symbolise le but de l’auteur, sa quête, son souvenir des moments passés avec la femme aimée dans ce jardin.
    • Seulement, ne reste que la nature et les objets. Les sensations, tout seul, ne sont plus les mêmes : « l’odeur fade »(v.14). La convivialité de la tonnelle avec les chaises a aussi disparu, puisque personne ne s’y assoit.

c) La mélancolie de Verlaine.

    • thème habituel chez le poète.
    • Le paysage représente son état d’âme mélancolique.
    • Ainsi, le tremble est « vieux »(v.9), trois années ont passé depuis sa dernière visite, et Verlaine a changé, le bonheur s’est évanoui pour laisser place à une « plainte sempiternelle »(v.8)
    • Son cœur est blessé par un amour qui n’est plus entretenu comme la Velléda dont « le plâtre s’écaille », métaphore de son humeur.
    • Le poète est revenu sur ce lieu sentimental pour lui. Le décor reste intact, ce qui lui rappelle avec encore plus de tristesse que le bonheur a disparu, car il n’était pas lié au lieu, mais à la personne avec qui il le partageait.
    • Après avoir nier la fuite du temps dans les trois premières strophes, Verlaine est rattrapé par la mélancolie.

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

Conclusion :

Verlaine à travers ce poème nous fait partager un moment de vie, son retour dans un lieu qui a conté pour lui. Le lyrisme s’exprime évidemment parla première personne du singulier une nature bucolique, et une description en mouvement qui rapproche le lecteur du poète. Ce fameux jardin est décrit de manière impressionniste avec une nature vivante et personnifiée.Il est de plus organisée parla description et son agencement. Il s’en dégage un caractère paisible et tranquille. Cependant, ce paysage nous dévoile l’état d’âme du poète, qui semble mélancolique. En effet, le souvenir devient étouffant. La solitude de Verlaine dans ce décor est visible, et quelques traces d’abandon des lieux nous renseignent sur la tristesse de l’auteur. (reprise des conclusions des parties)

Alors que Verlaine semble dans un premier temps juste décrire un havre de paix, harmonieux et calme, il utilise le jardin pour se remémorer des temps heureux. L’amour disparu et la mélancolie de l’auteur prennent finalement le pas sur la douceur du décor. A travers sa description, Verlaine dépeint en fait sa détresse et sa solitude. (réponse à la problématique)

Ce paysage état-d’âme se retrouve dans d’autres poèmes de Verlaine comme « Il pleure dans mon coeur », dédié à Arthur Rimbaud. (ouverture)(conclusion en trois parties : reprise des conclusions des parties, réponse à la problématique, ouverture).

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