Annie, Alcools, Apollinaire, 1913, commentaire, analyse.

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Annie, Alcools, 1913, Apollinaire.

Annie

Sur la côte du Texas
Entre Mobile et Galveston il y a
Un grand jardin tout plein de roses
Il contient aussi une villa
Qui est une grande rose

Une femme se promène souvent
Dans le jardin toute seule
Et quand je passe sur la route bordée de tilleuls
Nous nous regardons

Comme cette femme est mennonite
Ses rosiers et ses vêtements n’ont pas de boutons
Il en manque deux à mon veston
La dame et moi suivons presque le même rite

Guillaume Apollinaire (1880 – 1918)

 

Exemple d’un plan de commentaire du poème « Annie » de Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913.

(Ceci n’est pas un modèle, mais un exemple. Votre réflexion personnelle peut mener à d’autres pistes de lecture).

Introduction :

Guillaume Apollinaire, avec Blaise Cendrars, effectue une rupture moderniste dans la poésie, et se pose comme le précurseur du surréalisme. Il se défait des règles de versification et invente de nouvelles formes, comme les Calligrammes. La ponctuation disparaît d’ailleurs dans ses œuvres. Sa modernité apparaît clairement dans son recueil « Alccols » qui paraît en 1913. (accroche avec remise dans le contexte)

Les thèmes d’Alcools sont l’ivresse (comme l’indique son titre), la ville moderne, et l’amour. Ici, le poète évoque une de ses muses, Annie Playden, son premier amour à l’âge de vingt ans. Le texte revient sur le départ d’Annie aux Etats-Unis, et la désillusion de l’auteur quand en 1904 il chercha à la reconquérir. C’est pour cette raison qu’il imagine sa vie de l’autre côté de l’Atlantique. (présentation du texte)

Comment Apollinaire dépeint-il son amour à travers ce poème ? (problématique)

Nous détaillerons dans un premier temps la modernité de l’écriture poétique, puis nous montrerons qu’Apollinaire nous propose une rêverie sentimentale. (annonce de plan)

(introduction en quatre parties avec : l’accroche, la présentation du texte, la problématique, l’annonce de plan).

I- La modernité poétique.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Une écriture libre.

    • absence de ponctuation caractéristique de l’auteur.
    • Hétérométrie : vers impairs (caractéristique de Verlaine) (V.1, 7 syllabes, V.2 11 syllabes…), vers pairs (v.5, octosyllabe).
    • Pas de rimes régulières : 3 en « a » dans le premier qunitil (Texas sans prononcer le s), et 2 en « rose », rimes en « eul » dans le quatrain suivant, enfin rimes régulières embrassées dans la dernière strophe.
    • Pas de strophes régulières ; un quintil et deux quatrains.

b) Un poème lyrique.

    • Utilisation de la première personne du singulier : « je »(v.8), « mon »(v.12), « moi »(v.13)
    • Expression de sentiments personnels, situation amoureuse.
    • Episode véritable de la vie d’Apollinaire, mémoire de son aventure sentimentale avec Annie Playden. Evocation autobiographique, Annie Playden était partie vivre aux Etats-Unis.

c) Un univers merveilleux.

    • Formule du conte « il y a » (v.2), avec une villa comparée à une rose.
    • Mobile et Galveston, localisation indéfinie, floue. Exotisme d’un lieu lointain, l’Amérique, le Texas. (les 2 premiers vers)
    • mysticisme dans la dernière strophe ; « mennonite » (v.10) (mouvement du protestantisme avec des communautés présentes en Amérique du Nord), « rite »(v.13).
    • Association d’idées et d’images surréalistes dans la dernière strophe, notamment autour du mot « bouton » , à la fois partie du vêtement, de la rose ; ou de la conséquence marquée par le connecteur « Comme » (souligne l’absence d’ornementation propre aux protestants)

(phrase de conclusion/transition lors de la rédaction à la fin de la partie).

II- Une rêverie sentimentale.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction).

a) Une description imaginaire.

    • Point de vue du narrateur dans le poème. Position de témoin : « Et quand je passe.. »(v.8)
    • Description de ce qu’il voit. La vue est le seul sens utilisé dans le poème.
    • Seulement, vision onirique de ce moment, avec imagination d’un Texas bucolique : « bordée de tilleuls »(v.8). Le tilleul n’est peut-être pas un arbre du Texas, plus de la campagne française.
    • Invention de détails précis pour renforcer le faux réalisme de la scène : « mennonite »(v.10), « deux »(v.12). Seulement, l’auteur n’est pas mennonite, donc imagination encore.

b) La réminiscence du souvenir.

    • Le jeu des regards : « Nous nous regardons »(v.8). Utilisation de la deuxième personne du pluriel qui donne l’impression que ce regard est partagé, comme un coup de foudre.
    • Similitude marquée des deux personnages : manque de boutons pour les deux (v.11, 12), « même »(v.13). L’auteur insiste sur sa proximité avec la femme.
    • Début de nouveau de la rencontre, puisqu’ils ne se connaissent pas dans le poème. Respect et distance marqués par, « Une femme »(v.6), « cette femme »(v.10) « la dame »(v.13). Impression de revenir au tout début de leur relation amoureuse.
    • Recréation de la rencontre dans un univers différent, au Texas, comme si leur amour était intemporel, et ne dépendait pas du lieu.

c) Une progression vers l’amour.

    • Description picturale avec au premier plan la femme dans son jardin et lui l’observant, et couleur rose dominante.
    • Mouvement de rapprochement du poète vers la femme. Partant au départ du Texas, nous arrivons dans sa villa, puis son jardin (première strophe), puis sur elle (deuxième strophe), enfin centré eux-deux (dernier quatrain).
    • De la solitude «toute seule »(v.7) (insistance avec « toute »)à la vie à deux dans le dernier paragraphe : « La dame et moi »(v.13), dernier vers qui les réunit.
    • Détails intimes sur la femme enfin dans la dernière strophe, avec un portrait moral autour de sa croyance mennonite.

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

Conclusion :

 

Ce poème à la forme particulière est typique de l’écriture d’Apollinaire par son absence de ponctuation et son hétérométrie souvent impaire. Il aborde de manière merveilleuse un thème qui lui est cher, ses amours passés. Il reconstruit sa rencontre avec Annie Playden, dans son nouvel environnement, l’Amérique. (reprise des conclusions partielles)

L’auteur se pose comme témoin, comme observateur. Il dépeint cette nouvelle rencontre comme une rêverie douce. Il imagine une ressemblance entre la femme et lui. Pourtant il garde une distance mesurée dans son propos, et n’envisage pas de contact physique. (réponse à la problématique)

Dans sa modernité poétique, Apollinaire n’hésite pas à se raccrocher aussi à la tradition avec l’utilisation de la métaphore de la rose, inventée par Pétrarque, et popularisée dans la langue française par le prince des poètes, Ronsard. (ouverture)

(conclusion en trois parties : réponse à l’annonce de plan, réponse à la problématique, ouverture).
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