L et J Une histoire sentimentale(18): Épitaphe amoureuse, Je l’ai croisée, épisode 18❤️

 

L et J, Une histoire sentimentale(18): Épitaphe amoureuse, Je l’ai croisée, épisode 18.♥️

Prolepse, avancée du temps jusqu’à maintenant. Dimanche 10 Avril, jour de vote, je l’ai croisée. Par hasard, par coïncidence, comme si le ciel en avait décidé. Il fallait que je la vois pour me remémorer, pour réaliser. 

L’après-midi était belle, ensoleillée. Les électeurs appelés aux urnes devaient se décider. Comme d’habitude, je remplissais mon devoir de citoyen, bien que je n’étais pas certain d’être encore inscrit. De toute façon, j’avais à faire du côté de notre ancien quartier, là où elle habite encore avec nos chats et son nouvel hyménée. Je terminai mes tâches plus tard que prévu, me trompai de bureau de vote une première fois, mis mon bulletin dans l’urne, pris le chemin des écoliers pour rejoindre la gare, visitai une église pour enfin me trouver sur le quai. Faisant les cents pas en attendant le train, de loin, concentré pourtant sur mes pensées, je la remarquai. Ou plutôt, nos deux regards se croisèrent, seul signe distinctif avec nos masques paravents de nos visages. Elle fut surprise. Je ne m’attendais pas non plus à la voir. Elle était seule sans sa nouvelle moitié. Nous nous rapprochâmes pour monter ensemble dans le train qui au même moment arrivait. 

Le destin est décidément facétieux. Sans les petites circonstances énoncées, je ne l’aurais pas croisée. Quant à elle, je ne sais à quoi a pu ressembler sa journée. Nous avons failli nous retrouver dans l’isoloir. À quelques minutes près, nous aurions voté ensemble, comme nous l’avons fait tant de fois. Nous voici réunis le temps infiniment petit d’un trajet entre deux gares aussi proches que deux stations de métro, entre Bois-Colombes et Asnières-sur-Seine, trajet si souvent emprunté lors de nos amours anciens.

Je l’ai croisée ce dimanche 10 Avril 2022, une nouvelle fois par coïncidence. Depuis que notre séparation est véritablement actée, depuis que j’ai coupé nos liens en une soirée, depuis que j’ai découvert la dernière de ses stratégies cachées, depuis quatre mois, nous nous sommes vus trois fois, sans que ce ne soit prévu. Je l’avais croisée fin janvier à la Gare Saint-Lazare. Au milieu d’une foule multitude, elle passe avec sa sœur à deux mètres de moi. Je les interpelle. Elles se retournent. Je salue sa sœur. L, elle me pose une question anodine, me regarde de la tête au pied. Moi, je ne pose presque pas mes yeux sur elle, je ne lui réponds pas, tourne les talons et reprends mon chemin sans image en tête juste avec une étrange sensation. Une minute en suspens, un instant au présent qui les jours suivants s’est élargi dans le temps. Un mois plus tard, état des lieux de notre appartement, elle devait le faire seule, sans moi, elle est presque voisine de notre ancien toit. Des circonstances une nouvelle fois. Une procuration non signée, moi pouvant jusqu’à notre ancien chez-nous rapidement me déplacer firent que nous passâmes une heure dans le même lieu. Très peu de mots échangés. Je ne la regardai encore presque pas. Je pensais faire face à une femme irradiante , nimbée de l’aura de celles et ceux qui vivent l’amour qui écarte les soucis et rend belle comme une fée touchée par la grâce. Ce n’était pas le cas. Sa peau était dégradée, ses traits moins fins et fatigués. Elle ne dégageait pas de sérénité, mais plutôt de la solitude et de la nervosité. En plus d’une observation factuelle, mon instinct me criait qu’il y avait un problème. Et mon instinct vis-à-vis d’elle me trompe guère, je l’ai oublié, j’ai trop raisonné, j’aurais dû lui faire confiance, car je la comprends par essence. 

Je l’ai croisée donc une nouvelle fois dimanche dernier. Cette fois-ci, je l’ai observée. Elle voulut engager la discussion sur le vote, sur les élections. J’aurais pu lui en parler pendant des heures, elle le sait. J’en aurais discuté avec elle avec plaisir. Nous aurions débattu. Nous aurions suivi ensemble la soirée électorale en s’insurgeant et en riant. Nous aurions à n’en pas douter passé un bon moment. Mais en trois minutes de trajet….pas le temps même pour un premier jet. Je décidai de ne pas répondre à ses questions, de ne pas relancer la conversation. Je crois qu’elle ne le sait pas, mais j’aimerais évidemment lui parler. Je crois qu’elle ne le pense pas mais nos discussions me manquent comme à elle, pas les plus récentes, mais les plus intéressantes. Je crois qu’elle ne l’imagine pas, mais un geste d’elle suffirait déjà à ce que nous reprenions langue, à ce que nos paroles ne soient plus aussi exsangues. Pour l’instant, le quant-à-soi est un rempart nécessaire contre tous les éclairs d’adultère avec lesquels elle nous a électrocutés. 

Je l’ai croisée et je l’ai regardée. Je l’ai fait en conscience, avec sérénité. Son regard à elle était vague, sans consistance. Son teint était cireux, sans apparence. Son corps était très frêle, comme s’il n’était plus tout à fait à elle. Elle ne l’a pas remarqué, mais j’ai posé sur elle un regard soucieux et raisonné. J’ai froncé les sourcils quand j’ai vu sur son poignet droit deux longues et profondes estafilades, peut-être des griffures de nos chats… Je n’ai éprouvé nulle satisfaction. Du plus profond de mon âme, un sentiment confus d’inquiétude, par instinct, par habitude. Même si la raison dicte la distance et l’indifférence, ce que j’ai en moi depuis seize ans est véritable et toujours existant. Je l’ai réalisé. Mon instinct revient. Si le jeu de dupe et le gâchis pouvaient s’arrêter…Je l’ai croisée et toujours je l’ai aimée, même si elle ne reviendra jamais, même si moi à été effacé, même si sa nouvelle vie fait que je suis du passé. (À suivre…)

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