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L et J, Une histoire sentimentale: épitaphe amoureuse (9): il y a neuf ans, épisode 9.
Chapitre VIII: il y a neuf ans.
Tellement banal, tellement trivial, elle n’a pas eu l’originalité d’inventer. Pour être par moi quittée, elle a dans des hôtels couché, psychanalysé. Pour perdre ses sentiments, elle a pris un double pour me remplacer, pour nous éviter, pour que sans moi sa vie après un an et demi ne soit pas si différente. Moi, pour vider mon intérieur du puits de quinze ans d’intimité, j’écris. Quand il ne restera plus une perle d’eau, quand de ce lac ne subsistera plus une flaque, quand de cet océan les flots seront taris, j’arrêterai, mais pas avant, à part pour l’amour renaissant comme il y a neuf ans…
Il y a neuf ans, déjà un premier incident, beaucoup moins grave, néanmoins retentissant. Nous ne nous étions pas quittés, elle m’avait quitté. Au froid de l’hiver 2012 je ballotais entre le grenier insalubre, la sous-pente d’une maison squattée, et ensuite, plus confortablement, dans une chambre disponible de l’appartement d’un ami, cher et toujours proche. Une nouvelle occasion m’est donnée de le remercier.
Elle n’engagea pas de manière aussi forte notre amour, elle ne prit pas la tromperie comme détour, mais s’amusa à des rencontres légères, je crois, qui ,pour être désagréables et douloureuses pour moi, ne mirent à ce point notre amour en danger. A cela, je ne puis reprocher la légitimité, le contrat moral, le respect et la dignité. Elle avait entière liberté. A priori, elle souhaitait m’oublier. Est-ce le même phénomène en ce début d’été?
Je me suis battu au plus haut degré. J’ai découvert pour elle des ressources nouvelles. Avec idée, imagination, volonté et travail, j’ai accompli une performance romantique….qui n’a eu peut-être aucune incidence. Ironie des temporalités différées quand les aimés sont séparés.
Il y a neuf ans, j’ai écrit pendant trois semaines chaque jour un épisode de nos vies suivi d’un poème. Ces feuillets quotidiens, je les déposais dans les premiers métros du matin sur la ligne 12 qu’elle empruntait. Par paquet de six-cents à mille-deux-cents, je prenais soin de chaque page que je disposais sur les sièges vides des rames du métro. Je passais deux petites heures chaque matinée de la semaine à arpenter les wagons entre Jules Joffrin et Porte de La Chapelle. Je rédigeais la veille au soir mes petites histoires, mes vers sentimentaux. Je photocopiais dans la journée quand un moment de libre se présentait. Tout une organisation, tout un travail, de l’abnégation, du courage et du moral, pour un but, un seul, celui de la reconquérir. Les temps étaient différents.
Cette expérience fut intéressante. J’eus de nombreuses émotions en rencontrant des personnes. Des centaines de messages me furent adressés, tous étonnés, tous bercés par les sentiments exprimés. j’eus même l’insigne chance d’avoir mon petit moment de gloire en étant le centre d’un reportage radio du France Info hollandais. Seulement, elle ne lut pas un seul de mes feuillets. Partie en vacances à l’autre bout du monde, elle était environnée d’océan, de jungle, de senteurs exotiques, quand j’égrenais mes amours métropolitains.
A son retour, nous nous remîmes ensemble. Elle me reprocha tout de même cette geste épique et romantique, car je dévoilais notre histoire, j’apparaissais impudique. Qu’en est-il des écrits actuels? Je n’en sais rien. Ont-ils plus de valeur pour elle que les lettres de son Abélard? Je ne sais guère. Peut-être ne suis-je destiné qu’à jeter des bouteilles à la mer… J’aurais tellement aimé écrire avec elle, cette histoire romancée manque de deux autres mains et de sa vérité. Ne vous y trompez pas, elle possède d’innombrables qualités. Je les connais trop bien pour toutes les oublier.
(A suivre…)
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