L et J Histoire d’amour(Ep8) Dis-moi pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?: Destination résignation?♥️

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L et J Histoire d’amour(Ep8) Dis-moi pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?: Destination résignation?♥️

La valse sidérale reprit vers une autre aventure. J’avais le blues. De beaux souvenirs défilaient dans ma tête et mon coeur. Avoir foulé Hong-Kong me la faisait sentir corps et âme. Mon compagnon l’ascenseur, sensible certainement à ce moment de nostalgie, émit de la musique. Quel gentil ascenseur! Il fit défiler des chansons de crooners hongkongais. C’était pire…Les seules personnes à qui je pouvais rattacher ces sonorités étaient elle et ses parents, que je n’avais pas vu évidemment depuis quelques temps… Adieu les anniversaires, le nouvel an chinois, les silences pendant lesquels je m’embêtais, mais finalement que j’aimais bien… Enfin…

La décélération de mon engin m’indiqua que nous étions prêts de notre prochain arrêt. En faisant un résumé rapide de mes récentes tribulations, je me demandai bien ce que j’allai encore découvrir. Mais le coeur n’y était pas vraiment. Je me sentais les jambes lourdes et l’esprit du condamné, qui sait qu’il faut se résigner pour se libérer. L’ascenseur se posa sur une immense surface plane qui flottait dans l’espace. Rien de surprenant, de farfelu, d’extraordinaire ou d’inquiétant, comme si avait été téléporté un morceau réel de la Terre en plein milieu de l’espace infini.

Lors de la phase de descente, j’avais eu le loisir d’observer le paysage typique d’une région avec ses forêts et ses champs, qui encerclaient des banlieues autour d’une cité centrale. Déposé dans une clairière, je pris la direction des habitations, et me guidait grâce au faîte d’un immeuble tout en rondeur, qui semblait être le plus haut, sans pouvoir le qualifier d’imposant. Il se détachait dans ce paysage très, très plat, presqu’ennuyeux. D’ailleurs, je me rendis compte que les couleurs étaient ternes, presqu’artificielles. Les feuilles étaient d’un vert uniforme. Les troncs d’arbre avaient tous la même teinte de marron. Le petit ru qui s’écoulait le long du sentier que j’arpentai avait une eau ni trop limpide, ni trop tourbée. Tout était bien rangé. Je ne serpentai pas, je marchai bien droit sur le chemin rectiligne. Les végétaux étaient bien verticaux, aucune racine ne dépassait de la terre avec de gros noeuds. Pas de bruissements d’insecte, ni de bruits tout court ne venaient rompre la monotonie de l’endroit…

À l’orée de ce grand bois, une route continuait avec la même obsession géométrique que le sentier que je quittai. L’asphalte était tellement propre et sans aspérité qu’on aurait pu y manger. Après quelques centaines de mètres, je me retrouvai dans une ville. Les rues se croisaient avec des angles droits parfaits. Les maisons se ressemblaient beaucoup. Elles étaient fleuries sans que cela déborde. Elles étaient crépies de manière sage et polie. Les trottoirs d’une propreté immaculée, aucun graffiti sur les murs, et toujours cette impression que les couleurs étaient trop ternes, n’étaient pas réelles. J’avais dû débarquer en Suisse.

Je me rapprochai de la place d’un petit centre-ville. Je vis les premières personnes de ce monde étrange. Elles m’observaient en se parlant à voix basse. Je pouvais les comprendre. Elles devaient se connaître et j’étais un étranger. Je remarquai aussitôt un phénomène bizarre. Chaque habitant trimbalait au-dessus de sa tête une sorte d’auréole en forme d’icône météo. Presque tous étaient couverts par un soleil légèrement voilé. Encore une fois, une atmosphère vaguement terne. J’eus soudain l’idée de lever les yeux juste au-dessus de moi. Et stupéfaction, je vis mon icône météo…et je compris pourquoi on me regardait. Elle était mouvante et n’arrêtait pas de se transformer passant de la grosse pluie, au soleil, à l’orage l’instant d’après. Il fallait que j’éclaircisse ce mystère.

Un homme s’avança vers moi. Bien habillé, bien rasé, bien coiffé, sûr de son pas, sans trop d’éclat, il m’apostropha:

« – Bonjour l’ami, il semble que votre humeur soit un peu détraquée, affirma-t-il sans sympathie et sans méchanceté.
– Si vous le dites…vous voyez cela à ce que j’ai au-dessus de la tête? demandai-je hésitant.
– Bien sûr, répondait-il comme si cela allait de soi.
– Je suis désolé, mais je ne suis pas d’ici. Je viens de loin, et pour tout vous dire, je ne sais pas ce que cela signifie, avouai-je avec la mine de celui qui débarque.
– Ahhh, tout s’explique alors. »

Et les autres personnes sur la place se rapprochèrent de moi. Une femme se détacha et vint à côté de l’homme. Ils n’avaient pas l’air spécialement gentils, mais pas violents. Ils avaient l’air de gens qui ne veulent pas être dérangés, intéressés principalement par eux-mêmes, par leur vie.

« – Je suis le maire de la ville, et voici ma Femme actuelle, m’informa-t-il. D’après certaines indications, vous devez donc être le Dormeur d’amour, concept étrange…, hésita-t-il rêveusement.
– Euh, a priori, c’est ainsi qu’on me nomme ici, répondis-je en attente d’explications.
– Vous allez devoir rencontrer l’harmonisateur dans l’immeuble de la capitale. Il vous attend pour vous aider à dépasser votre anomalie, pour trouver équilibre et harmonie, me dit-il.
– Bien noté Monsieur le maire, mais pourriez-vous me donner quelques explications s’il vous plaît, notamment sur tous ces petits nuages, soleils, orages, icônes météo, me hasardai-je.
– Ce sont les items de notre humeur. Nous les portons au-dessus de nous pour en avoir connaissance et pour que les autres les voient aussi. Alors, chacun peut agir pour retrouver son équilibre si nous sortons du soleil légèrement voilé, m’expliqua sa femme avec exactement le même manque de chaleur dans la voix. »

Je balayai la place d’un regard et observai que quelques personnes seulement possédaient un soleil éclatant ou un nuage noir. Les enfants ne criaient pas, ni les parents. Les couples se tenaient par la main un temps, puis chacun prenait son portable, comme si c’était naturel. Nul désordre ne régnait, pas d’éclat de voix, ni d’attitude hors norme. C’est donc ça l’harmonie…peut-être…

« – Une dernière question Madame, que se passe-t-il pour les soleils et les nuages noirs? l’interrogeai-je innocemment.
– Enfin, regardez. Les nuages noirs se reconnaissent et se rapprochent. Et s’ils se plaisent, ils laissent derrière eux leurs nuages pour le soleil de la passion avant d’être de nouveau dans l’harmonie rassurante du soleil voilé, car la réalité bien vécue n’est pas manichéenne, elle est à être bien accompagné le moment que ça dure avec à côté nos problèmes, termina-t-elle du même ton encore. »

Et sur ce, elle et son mari me congédièrent d’un léger signe de la tête. La vie de la petite place reprit comme si je n’étais pas là. Les rares soleils en effet avaient une attitude différente, ils s’embrassaient et riaient. Les nuages noirs en effet semblaient s’attirer comme des aimants, et quand ils se parlaient, leur icône s’éclaircissait. Sur ces observations, je pris la direction du gros immeuble rond.

Au cours de ma petite heure de marche, j’inspectai le décor. La plupart des panneaux publicitaires vantaient le développement personnel, l’épanouissement personnel, l’acceptation de soi-même, le lâcher-prise, la liberté d’être heureux et l’équilibre. Un programme à creuser, pourquoi pas? Les gens n’avaient pas l’air particulièrement sympathique, mais équilibrés et ma foi relativement heureux, donc…

La répartition des boutiques était métronomique: opticien, banque, assurance, bijouterie, boulangerie etc… revenaient dans le même ordre avec les mêmes intervalles de distance. Tout était linéaire, régulier et proportionnel. Je fus intrigué par un pâté de maison qui revenait aussi invariablement composé d’un hôtel des amants et des soleils, avec à côté un magasin de sextoys, un restaurant romantique, une discothèque et un coffee shop pour des drogues légales. Étrange…

J’arrivai devant l’immeuble d’une taille raisonnable, mais qui semblait dans la platitude de ce monde être une montagne. Je n’eus pas à entrer à l’intérieur. Un homme ,à l’apparence enfin affable tout de blanc vêtu avec un pantalon souple et une veste à col Mao, m’attendait dans l’allée centrale d’un jardin géométrique qui menait au bas du bâtiment. Il me fit un salut de la main avec un sourire, et m’invita à m’asseoir avec lui sur un banc.

« – Bonjour Dormeur d’amour. Alors que pensez-vous de notre harmonieuse communauté? me questionna-t-il chaleureusement.
– Bonjour grand harmonisateur. Je ne sais pas. Tout a l’air à sa place. Les gens ont l’air de s’y plaire et d’accepter tous les moments de vie, répondis-je.
– Laissez le titre de grand harmonisateur s’il vous plaît. Le titre n’est là que pour rassurer. Mais vous avez compris le principe. Accepter la réalité, c’est se libérer, et pouvoir dépasser les moments difficiles le plus rapidement possible. Vous cherchez des réponses, je suis là pour vous aider, glissa-t-il tranquillement.
– J’ai effectivement des questions. On m’a expliqué les icônes météo avec les humeurs, mais je ne comprends pas tout exactement….
– Beaucoup d’actions sont gouvernées par nos humeurs, et elles définissent la qualité de notre vie. Ainsi, il s’agit de rechercher autant que possible la meilleure harmonie. Il faut donc que nous connaissions notre état d’esprit, mais aussi que les autres le connaissent afin d’aider à y remédier.
– Jusque là je vous suis.
– Et nous avons besoin de communiquer nos sentiments sans pouvoir toujours y mettre des mots. Les icônes d’humeur informent alors de manière indolore. Si un problème existe, il peut rapidement être résolu, si un problème persiste, il faut se résigner et accepter la séparation pour le couple et aussi pour les enfants, mais sans que cela soit trop violent pour tout le monde.
– Intellectuellement, tout cela se tient, marmonnai-je en réfléchissant aux propos de mon interlocuteur. Mais pourquoi les hôtels pour amants et soleils par exemple ?
– J’y viens. L’amour est l’émotion la plus puissante. Notre épanouissement à chacun est personnel, notre bien-être nous appartient. Cependant, pour nous sentir bien, nous avons besoin de partager de bons moments qu’ils soient physiques, intellectuels, spirituels ou même ludiques. Mais ce partage doit mener vers l’équilibre, l’harmonie. Alors, la passion extrême ou la tristesse désespérante doivent s’inscrire dans de courtes périodes pour ne pas casser cet équilibre. La première par nature est précaire et peut facilement entraîner la seconde qui est souffrance, exposa-t-il en marquant une pause.
– Je commence à saisir le but….
– L’acceptation. Les amants sont acceptés par toutes et par tous. Les lieux de plaisirs leur permettent de décompresser, de retrouver du soleil dans leur humeur. Et pourquoi pas, au bout d’un temps, de partager de nouveau ce soleil avec leur compagne ou compagnon. Pour les nouveaux soleils de la passion, ils peuvent en ces quartiers circonscrits profiter pleinement de leurs instants brûlants sans déranger l’harmonie du reste de la communauté….
– Et les nuages noirs? demandai-je.
– Ce sont ceux qui sont seuls après une rupture due à la persistance de nuages gris dans leur couple, ou à un partenaire qui a rencontré quelqu’un d’autre avec qui il ou elle  a vécu la passion, puis l’amour raison , le soleil voilé par un petit nuage, le fameux équilibre. Les nuages noirs vont aller les uns vers les autres, partager leur peine, l’accepter à deux et devenir soleil de passion, puis soleil voilé de raison. Personne ne souffre trop longtemps, finit-il.
– D’où toutes ces affiches sur l’acceptation, le développement personnel, l’épanouissement…pensait-je à haute voix.
– Oui, ce qui compte c’est vous. C’est comme cela que vous êtes bien. Vous avez dû ressentir le manque de violence ici. Point de frustration sexuelle ou affective, point de solitude, point de jalousie ou de spirale négative. Vous avez dû entendre parler des étapes d’une rupture amoureuse ? m’interrogea-t-il.
– Oui, bien malgré moi, maugréai-je.
– Bien. Dans ce monde, existe simplement un petit passage de tristesse, puis la résignation et l’acceptation libératrices arrivent rapidement pour un nouvel amour. Le cycle est harmonieux. C’est pourquoi la femme du maire s’est présentée comme sa femme actuelle. Elle a eu d’autres hommes, et en aura d’autres peut-être après. Lui de même avec les femmes. Et cela fonctionne évidemment entre hommes ou entre femmes. Le déni, la colère, la dépression sont quasiment inexistants, professa-t-il, mais toujours avec une voix agréable.
– Et je suppose que si vous me racontez tout cela, c’est pour me conseiller cette voie? rebondis-je dans une question réthorique.
– Oui, Dormeur d’amour. Résignez vous, acceptez votre réalité pour que votre humeur s’équilibre vers un soleil voilé, termina-t-il avec beaucoup de sollicitude. »

Son discours m’avait ébranlé. Je ne savais plus quoi dire, ni penser. Arrivai-je à la fin de ma quête ? À quoi bon, il est vrai. L’amour va et vient certainement. Je levai les yeux, et vis se dessiner peu à peu un soleil avec un nuage gris. L’icône était de plus en plus stable. Plus d’orage, ni de pluie, ni même un rayon de soleil éclatant. Ce n’était pas le soleil un peu voilé de l’équilibre, mais cela s’en rapprochait…

Puis, je repensai à mes précédentes étapes, à ma séparation d’avec elle, à plein de souvenirs heureux ensemble, à des sensations toujours présentes, à une foi qui avait duré des années…Je sursautai, et me repris.

« – Hum, hum, ce que vous dites est indéniablement vrai. Mais..mais ce n’est pas moi. J’accepterai la réalité dont je ne veux pas quand je n’aurai plus l’énergie, la force et l’imagination pour penser que je ne puis en construire une plus belle pour moi, mais aussi pour elle. Alors, j’étais venu pour chercher un réponse, dites-moi pourquoi ne sommes-nous plus ensemble ? lui demandai-je en ayant récupéré avec un ton un peu vitaminé.
– Ah, Dormeur d’amour! On m’avait prévenu…j’ai essayé. Une des raisons se situe justement dans votre humeur. Votre soleil est éclatant et il peut durer et brûler longtemps. Vos orages sont dévastateurs. Et vos nuages noirs sont sombres et pesants, et peuvent aussi durer longtemps…Elle avait besoin de se reposer…annonça-t-il en un souffle.
– Merci pour vos explications, et pour votre dernière réponse, dis-je avec reconnaissance. »

Je quittai cet homme intelligent pour m’en retourner vers mon ascenseur. Plus je progressai, plus les couleurs devenaient ternes. J’avais hâte de partir de cet endroit; il ne me convenait pas. Lorsque je repris dans mon habitacle, je sentis une vague de chaleur comme si l’ascenseur était content que je revienne, comme s’il avait eu peur que je reste.

Avant de décoller, la petite voix maintenant habituelle vint une nouvelle fois tinter à mes oreilles :

« – Tu es décidément impossible, dit-elle avec un peu de malice.
– Oui. Je ne le nie pas. Mais, je suis prêt à faire des efforts pour toi, car cela ne doit pas être facile de vivre avec moi parfois.
– À qui le dis-tu mon chéri? Tu crois que je ne le sais pas… » La voix rigola affectueusement et s’en alla. (À suivre…)

Les précédents épisodes ici: ♥️ Dis- mois, Pourquoi ne sommes-nous plus ensemble? (1) L et J Dis-moi, pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?(2): De la psychologie♥️ L et J Dis-moi, pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?(3): Une petite Catalane♥️ L et J Histoire d’amour(Ep4):Dis-moi pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?(Ep4): Un jardin sidérant.♥️ L et J, Histoire d’amour (5): Dis-moi pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?(Ep5) La cartomancienne♥️ L et J Histoire d’amour(Ep6), Dis-moi pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?(Ep6): Planète Tinder♥️  
L et J Histoire d’amour(Ep7) Dis-moi pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?: Hong-Kong astral♥️

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