L et J Dis-moi, pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?(3): Une petite Catalane♥️

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L et J Dis-moi, pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?(3): Une petite catalane♥️

Je ne me rendais compte de rien. J’avais les yeux fixés sur mes pensées pour paraphraser Victor Hugo. L’ascenseur aurait bien pu me ramener dans la réalité que je n’aurais rien remarqué. Je me demandais pourquoi j’avais répondu que j’étais désorganisé. Le filou de psy avait quand même réussi à mettre le doigt sur quelque chose: organisation, projet, construction. Ce triptyque avait bien manqué. Si on pouvait vivre d’amour et d’eau fraîche dans l’onirisme, dans la réalité il fallait du concret. Nous vivions correctement, mais elle aspirait à plus. J’aspirais d’ailleurs aussi à plus, mais je n’y mettais pas les ingrédients.

Et c’est plongé dans le film de mes errements que je me réveillai sur la rive d’une île. Elle semblait sortir des Antilles. L’ascenseur me déposa au bord d’une plage de sable d’or, belle et sauvage. L’eau topaze s’écoulait dans le vide de l’univers en se désintégrant dans des volutes d’écume blanchâtre. Ébahi, je mis pied sur le rivage. Le sable était chaud sans trop l’être, et ses grain d’une douceur infinie. On eût dit des billes de soie qui voletaient entre les orteils.

J’aperçus en levant les yeux une maison de bois sur pilotis. Sur la large terrasse qui l’entourait, près de l’escalier qui y montait, je vis une forme humaine. Elle paraissait me regarder. En me rapprochant, je pris conscience que l’humain était une femme. Elle descendit pour venir à ma rencontre. Et je fus abasourdi, plus encore que lors de mes deux précédentes étapes.

La personne que je distinguais maintenant clairement, je la connaissais, ou plutôt l’avais connue dans une autre vie. C’était ma petite Catalane, la seule autre femme que j’ai aimée. Depuis nos vingt ans, elle n’avait pas changé: les cheveux noirs de geai, les yeux bleus magnifiques irisés d’or, les tâches de rousseur synonymes de bonheur, et un sourire a faire pâmer les cœurs… et en plus elle me souriait comme le premier jour où nous nous étions embrassés!

« – Comment vas tu J.? me salua-t-elle avec une petite voix.
– Cela dépend des jours, mais je crois qu’on en est tous là. Et toi? Tu n’as pas changé malgré les années, dis-je en un soupir de sourire.
– C’est parce que nous sommes en rêve que tu me vois ainsi. Mais toi non plus tu n’as pas beaucoup changé, et je te vois comme tu es. Tu mets du temps à vieillir du moins extérieurement. Suis-moi, m’intima-t-elle tendrement. »

Et je la suivis vers la maison sur pilotis. En montant derrière elle l’escalier, je pus une nouvelle fois admirer son fessier autrefois tant désiré dessiné par un pantalon souple en lin, comme elle en portait autrefois. Elle me guida sur le devant le terrasse. D’un geste, elle m’invita à m’asseoir sur un fauteuil en osier, typique des régions tropicales. Elle s’assit sur le deuxième à côté de moi. Nous étions face à la mer, face à la jetée. Le regard portait sur horizon sidéral, une cascade d’eau dans un océan de vide au décor d’étoiles. J’avais le coeur apaisé.

« – Alors, tu es dans une drôle d’aventure mon ancien Amour? commença-t-elle sur le ton de la confidence. Je revis en un instant toutes les heures de conversation autour d’un café quand nous refaisions le monde, et parlions d’idées.
– Oui, et je vais de surprise en surprise. Celle-ci est néanmoins agréable. Pourquoi ne m’appelles-tu pas Le dormeur d’amour? lui demandai-je intrigué.
– C’est ton nom ici, et il te va bien. Mais moi, je te connais. Pour moi, tu es J. et tu le seras jusqu’à la fin…  Pense-tu parfois à moi? Son air innocent ne masquait pas son intérêt brûlant.
– Bien sûr. Je t’ai embrassée sous un arrêt de bus, je t’ai aimée à Barcelone, et à Barcelone nous nous sommes quittés. Je te trouvais belle au-delà de la beauté. Et toutes les heures passées à discuter dans des cafés, longtemps j’aurais souhaitées les retrouver…dis-je non sereinement en la regardant. Et toi penses-tu à moi aussi parfois?
– Oui, je t’ai aimé au premier regard quand tu visionnais tes vieux films dans le noir, quand tu parlais de tout tard le soir, quand t’es yeux si noirs portaient loin ton regard. mais tu ne m’aimes plus tout comme moi, n’est-ce pas? demande-t-elle sans trémolos dans la voix.
– J’aimerai toujours nos années passées, mais celui qu’on nomme le dormeur d’amour lance des sorts de retour pour une autre que toi. Même si tes yeux resteront les plus beaux qui soient, je suis à la recherche d’une femme très différente de toi. Dis-moi, pourquoi elle et moi ne sommes-nous plus ensemble, si cela ne te dérange pas? demandai-je avec beaucoup de prévention, car si je n’avais pas cette mission ou cette obsession, j’aurais aimé qu’elle me raconte toute sa vie depuis…depuis que nous n’étions plus ensemble, depuis que je ne la voyais plus.
– Tu es le dormeur d’Amour. Celui pour qui amour signifie toujours, mais pas tous les jours. Je t’aimais pour ton romantisme que tu es seul à avoir. Qu’il est difficile de te suivre! Tu te détruis dans un miroir, tu mets tellement l’être au-dessus de l’avoir. Tu sais que tu m’as fait du mal sans le vouloir? m’asséna-t-elle avec volonté, sans colère.
– Oui…murmurai-je. Mais toi et elle, vous m’en avez fait beaucoup. Vous rencontrez des hommes comme on rencontre un vis-à-vis! me défendis-je sans trop y croire. En face de cette femme et de celle que je recherche, je suis une passoire…
– Oh, je la comprends. Nous vivons, simplement ! Désolée de n’avoir ton goût pour l’absolu! affirma-t-elle comme si elle avait combattu. Et toi n’as-tu jamais eu un coup d’un soir? N’as-tu pas imaginé qu’il deviendrait plus?
– Si, bien sûr que si. Mais, je garde la mémoire. Toi, c’était la merveilleuse histoire. Nous avions les mêmes codes, le même milieu social, nous étions attirés à juste être dans la même pièce à nous observer. Elle, c’est le mystère de nos âmes miroirs, et dans mon âme la certitude de la retrouver, terminai-je dans un souffle.
– Tu l’aimes mon ancien Amour?
– Je veux le savoir…
– À ta question, je peux te répondre. Vous n’êtes plus ensemble pas parce que vous ne vous aimez plus. Elle pense encore à toi, elle aurait aimé n’avoir que toi, et conserver toute la beauté que tu construis si haut. Mais, tu crées le chaos. Tu dois être plus serein. La sérénité n’est pas la mortelle tranquillité. Viens, donne moi la main et regarde l’horizon de ces vagues qui s’échouent dans un vide sidéral avec moi, et pense après à elle, elle n’est pas si loin que ce que tu crois.
Nous regardâmes la houle de l’infini dans une atmosphère d’amour d’amis. Je lui tenais la main, en vivant le présent, en ne pensant à rien, surtout pas à demain. Après un temps sans mesure, je repris le chemin de mes aventures. D’un regard d’une profondeur très heureuse, je la remerciai pour ces heures affectueuses.
Je revins dans mon ascenseur avec le coeur à cent à l’heure. Je me contrôlai pour le rendre plus serein et la petite voix habituelle revint:

« – Elle a raison tu sais, tu manques de sérénité…
– Oui, je sais, et j’en suis désolé… »

Et je repris mon voyage. (À suivre…)

Les précédents épisodes : ♥️ Dis- mois, Pourquoi ne sommes-nous plus ensemble? (1)

L et J Dis-moi, pourquoi ne sommes-nous plus ensemble?(2): De la psychologie♥️

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