Analyse linéaire, étude linéaire Élévation, Fleurs du mal, Baudelaire, 1857.

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Analyse linéaire, étude linéaire, « Élévation », Fleurs du mal, Baudelaire, 1857.

(Analyse après le texte)

Elévation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
– Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Charles Baudelaire 

Analyse linéaire, étude linéaire « Élévation », Baudelaire, Fleurs du mal, 1857.
(Ceci n’est pas un modèle, mais un exemple. Vos réflexions personnelles peuvent mener à d’autres pistes de lecture.)

Introduction:

Baudelaire, poète de la modernité, publie son grand recueil Les Fleurs du mal en 1857. Il expérimente en passant du romantisme, au mouvement parnassien, puis en insufflant le symbolisme. De même, il remet au goût du jour la forme oubliée du sonnet, et popularise le poème en prose (Spleen de Paris, 1869). Il mène une vie de tourments et de difficultés dont l’angoisse se retrouve dans son concept central du Spleen (humeur dépressive). (accroche avec informations sur l’auteur).
Le poème « Élévation » se situe dans la section « Spleen et Idéal » du recueil Les Fleurs du mal. Il est au tout début en troisième position derrière « L’Albatros ». Comme son titre l’indique, il expose une élévation, une ascendance, un chemin vers l’Idéal.(Présentation générale du texte).
Comment ce poème exprime-t-il la vision baudelairienne de l’Idéal et de la poésie? (Problématique)
Le texte peut se décomposer en trois mouvements, suivant les trois phrases du poème. Tout d’abord, les deux premières strophes montrent l’élévation de l’esprit du poète. Ensuite, le deuxième mouvement décrit l’Idéal. Enfin, les deux derniers quatrains posent la question de la possibilité de cet Idéal pour Baudelaire. (Annonce de plan, annonce des mouvements)

Premier mouvement: L’élévation de l’esprit. (Les deux premiers quatrains).

– premier vers qui s’articule sur d’un parallélisme avec la répétition de la locution adverbiale « Au-dessus »: « Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées ».
– Alexandrin, comme dans tout le poème, avec le parallélisme accentué par la césure à l’hémistiche. L’élévation débute en montant « étangs » aux « vallées ».
– énumération qui continue avec le deuxième vers: « Des montagnes, des bois, des nuages, des mers ». Tout le sol et sa nature sont surplombées même les nuages.
– Le déterminants « des » marque la distance prise par rapport au sol, duquel de nombreux « étangs, bois…. » sont visibles.
– Les deux vers suivants à des hauteurs extraterrestres. Pour bien marquer l’élévation extrême, hyperbolique, la locution au-dessus est remplacée par « Par delà ».
– Le vers 3 répond, correspond avec le vers 1, même parallélisme ici céleste : « Par delà le soleil, par delà les éthers »( les éthers signifient l’atmosphère).
– Le vers 4 finit l’élévation à un niveau stellaire, qui devient inconnu: « Par delà les confins des sphères étoilées ».
– La strophe nous emmène de l’étang à la Voie lactée, du réel à l’imaginaire, du terrestre au céleste, du fini à l’infini.
-Correspondances baudelairiennes verticales qui va vers l’Idéal. Correspondances avec les rimes entre la terre et le ciel (« vallées » et « étoilées ») et la mer et le ciel (« mers » et « éthers »).
– La deuxième strophe débute par « Mon esprit », le déterminant possessif introduit le caractère lyrique du texte. Et nous apprenons que c’est l’esprit qui voyage.
– Personnification d’ailleurs de l’esprit que le poète tutoie: « tu te meus avec agilité ». L’esprit possède un corps.
– Cette personnification s’amplifie au vers suivant avec la comparaison « comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde ». (Ici, se pâmer doit se comprendre comme vivre une sensation très agréable).
– cette impression positive se lit encore au vers 7 avec l’adverbe « gaiement ».
– Le vers 8 se concentre totalement sur les sensations de l’esprit « Avec une indicible et mâle volupté » puisque le terme volupté renvoie au plaisir sensoriel, à la jouissance. L’adjectif « mâle » nous rappelle que c’est l’esprit de Baudelaire, du poète.
– De nouveau correspondances ici entre l’élévation et les sensations.

Deuxième mouvement: L’Idéal. (Troisième strophe).

– Dans ce neuvième vers adresse, prière, exhortation à l’esprit : « Envole-toi », une nouvelle fois personnification.
– Opposition avec le sol blâmé de manière péjorative : « miasmes morbides ».  Le terrestre est décrit comme maladif, agonisant.
– Nouvelle exhortation: « Va ». Comme si le verbe, les mots étaient magiques et pouvaient se transformer en action grâce à la poésie.
– antithèse « purifier dans l’air supérieur » avec les « miasmes morbides » du vers précédent. Le céleste, l’atmosphère est un remède face à l’empoisonnement du sol.
– Référence divine aux cieux, à la pureté, à la purification de l’âme.
– Le vers 11 emprunte encore aux connotations religieuses avec la comparaison « comme une pure et divine liqueur ». On peut y voir une référence aux dieux de l’Olympe et à leur boisson favorite, l’ambroisie, nectar délicieux assurant l’immortalité.
– La périphrase « Le feu clair » évoque le soleil. L’idée de clarté se répète dans le vers avec à la fin l’adjectif « limpides ». Cette image de lumière et de clarté rappelle une nouvelle fois la lumière divine.
– Enfin, les quatre éléments parcourent le poème: la terre, l’eau, l’air et le feu. La nature se confond avec les idées.

Troisième mouvement: L’impossibilité de l’Idéal pour le poète? (Les deux dernières strophes)

– Dans les vers 13 et 14 le registre pathétique apparaît pour la première fois, champ lexical de la souffrance morale : « ennuis », « vastes chagrins », « existence brumeuse ».
– Incursion du Spleen pour l’instant dans une élévation vers l’Idéal.
– Les soucis humains et terrestres empêchent l’élévation comme du lest empêcherait le décollage d’une montgolfière : « chargent de leurs poids ».
– Surtout, au vers suivant, passage de la première personne du singulier à la troisième : « Heureux celui qui ». On assiste à une mise à distance du poète. Il ne parle plus de lui. Le bonheur semble ne pas le concerner.
– Encore l’élévation et l’envol: « aile vigoureuse », périphrase pour un ciel ensoleillé « champs lumineux et sereins ». Loin donc des chagrins et de la brume.
– Dernière strophe qui débute par le pronom démonstratif « Celui ». Baudelaire répète cette mise à distance de lui-même. Il s’agit toujours de l’esprit « les pensers », mais plus du sien.
– Comparaison avec un oiseau « comme des alouettes ». L’alouette est un véhicule, un médiateur de l’esprit du sol « vers les cieux » (v.17-18).
– cet envol permet à l’homme de sortir de sa cage, de son enfermement, d’acquérir sa liberté: « libre essor ».
– Le tiret de l’avant dernier vers annonce la chute, la fin du poème.
– « Qui plane sur la vie » s’applique à « Celui » qui s’est élevé et peut regarder de haut.
– La fin porte sur la poésie, la supériorité du poète qui déchiffre la nature, voit derrière les apparences, avec l’enjambement entre les deux derniers vers: « et comprend sans effort/ Le langage des fleurs et des choses muettes! ».
– La paronomase entre « essor » et « effort » insiste sur l’élévation qui transcende et offre la facilité de la vision du monde et de la nature, de sa beauté « fleurs », « choses muettes ».
– À noter enfin que ce symbolisme ne peut s’exercer que sur la nature et les choses. Dans tout le poème, les humains sont absents à part Baudelaire et « Celui », son double pour qui l’Idéal est possible. Pour lui, on ne sait pas…

Conclusion:

Le poème progresse de l’élévation du sol terrestre vers des hauteurs célestes. Ensuite, ces cieux atteints, l’esprit se rapproche du divin. Seulement, cette sérénité, ce bonheur semble concerner une autre personne, un autre homme avec le passage à la troisième personne du singulier pour les deux dernières strophes, comme si Baudelaire ne pouvait entièrement se défaire du Spleen. (Reprise des conclusions des mouvements)
Le poème présenté la vision de l’Idéal de Baudelaire : une élévation infinie permettant de voir le monde entièrement. Cet Idéal, cette élévation offrent une pleine compréhension de la nature et des objets. Cet Idéal ouvre la perspective symboliste de la poésie, la mission du poète de transfigurer le réel, de le transformer en allant au-delà des apparences. (Réponse à la problématique)
« Élévation » répond à « L’Albatros », au poème précédent dans le recueil. L’oiseau majestueux dans les aires devient misérable sur le sol, en bas parmi les hommes. Alors que sans la société humaine, la fuyant, le poète s’approche du soleil et de Dieu. (Ouverture)

Analyse linéaire sur « L’Albatros » lien ici:Analyse linéaire l’albatros, étude linéaire l’albatros, Les Fleurs du mal, Baudelaire, 1957.

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