« Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle… »
Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578.
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! »
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serais sous la terre et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Travail de commentaire (plan à la fin) :
Qui est Ronsard ?: un poète de la Pléiade.
Forme du poème : un sonnet.
Thèmes du poème : l’amour, le temps qui passe, Ronsard lui-même.
Registre : lyrique
Sujet du poème : la vieillesse future d’une femme jeune à l’époque.
Structure du texte :
première strophe : la vieillesse
deuxième strophe : la solitude et l’ennui
troisième strophe : parallèle avec la situation du poète, mort mais reposé
dernière strophe : morale et chute
I- Un sonnet lyrique traditionnel.
a) Une forme poétique classique.
- un sonnet modèle : quatorze vers, deux quatrains et deux tercets, utilisation d’alexandrins, rimes en ABBA, ABBA, CCD, EED.
- Le dernier vers constitue la chute comme normalement dans les sonnets.
b) Le lyrisme amoureux.
- le thème central de la relation sentimentale est omniprésent dans le poème, comme dans les sonnets de l’époque : « amour » (vers 12).
- lyrisme poétique : « mes vers » (vers 3), « Je suis » (vers 9)
Conlusion/transition : Ronsard exprime son désir avec lyrisme par la forme traditionnelle du sonnet, cependant, il présente une image décalée de la femme aimée.
II- Les ravages du temps.
a) Un futur inquiétant.
- utilisation du futur : « serez » (vers 1).
- insistance sur la vieillesse : hyperbole « bien vieille » (vers 1), répétition « vieille » (vers 11), métaphore « soir » évoquant évidemment la fin de la vie (vers 1).
- Catalogue d’émotions désagréables : la solitude (deuxième strophe) avec pour seul compagnon sa servante, l’ennui « dévidant et filant » (vers 2) marque la répétitivité des activités.
b) Le temps des regrets
- fin de la beauté : « du temps que j’étais belle ! » (vers 4), imparfait insiste sur le caractère passé souligné encore par une ponctuation expressive (!).
- Ronsard, seul élément de vie du poème « émerveillant » (vers 3), « réveillant » (vers 7) n’est plus là « Je serais sous la terre… » (vers 9)
- évocation des regrets : « Regrettant mon amour… »(vers 12)
Conclusion/transition : L’auteur met en place un univers angoissant par la description inquiétante de la vieillesse d’une femme, en centrant son propos sur la perte de sa beauté, afin de paradoxalement tenter de l’attirer.
III- La stratégie amoureuse de Ronsard.
a) Un éloge du poète par lui-même.
- répétition de son nom dans le texte : vers 4 et 7
- éternité du poète mise en valeur par rapport à la beauté éphémère de la femme : « louange immortelle » vers 8, et toujours en mémoire même mort (vers 3,7 et 12)
- parallélisme de situation vers 10/11 : « repos » (vers 10), par rapport à la position inconfortable « accroupie » (vers 11)
b) L’impatience du poète dévoilée par la chute.
- Assombrissement subjectif du futur de la femme : pas de mari, ni de famille, ni d’amis.
- Jugement dur : « fier dédain » (vers 12)
- impatience marquée vers 13/14 : « n’attendez à demain », « Cueillez dès aujourd’hui… »
- morale : le carpe diem, c’est à dire profiter de la vie au jour le jour.
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Bonjour, merci pour toutes ces informations qui m’ont permis de faire mon devoir mais qu’elle est le but de ce sonnet?
Merci d’avance (je ne suis pas très littéraire…)
anonymus du 95
Ping : Analyse linéaire, commentaire linéaire, L’Horloge, Les Fleurs du mal, Baudelaire, 1857. (Seconde édition 1861) - Les Cours Julien
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