Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Victor Hugo, commentaire, analyse

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Demain, dès l’aube…

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo, Les Contemplations, 1856.

 

Exemple d’un plan de commentaire avec introduction et conclusion du poème « Demain dès l’aube… »de Victor Hugo, Les Contemplations, 1856.

(Ceci n’est pas un modèle, mais évidemment un exemple. Votre réflexion personnelle peut mener à d’autres pistes de lecture.)

 

Introduction :

 

Victor Hugo est l’une des grandes figures du romantisme au XIXème siècle. Auteur de pièces de théâtre (Hernani), romancier à succès (Les Misérables, Notre-Dame de Paris), écrivain engagé (contre la peine de mort, Dernier jour d’un condamné), il s’impose aussi comme un des plus grands poètes de son temps. Son recueil Les Contemplations est publié en 1856 pendant son exil sur les îles anglo-normande de Jersey et Guernesey sous le règne de Napoléon III. (accroche avec informations sur l’auteur)

Ce poème extrait de ce recueil évoque la mort de sa fille. Il fut frappé par cette tragédie le 4 Septembre 1843 quand Léopoldine meut noyée avec son mari. Lyrique et mystique, comme toute l’oeuvre d’ailleurs, il fait partie du livre de la deuxième partie intitulée « Aujourd’hui ». Il nous conte le chemin vers la tombe de sa fille en Normandie. (présentation du poème)

Comment Victor Hugo choisit-il d’évoquer la mort de sa fille à travers ce texte ? (problématique)

Nous verrons tout d’abord que ce poème constitue une œuvre très personnelle, avant de montrer qu’il décrit un chemin réel et spirituel vers la fille défunte du poète. (annonce de plan)

 

(introduction avec quatre parties : accroche, présentation du texte, problématique et annonce du plan.)

 

I- La dimension personnelle du poème.

 

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

 

a) Un lyrisme romantique.

 

  • Omniprésence du poète ; dès le second vers première personne du singulier répétée : « Je partirai »(mis en avant par le rejet par rapport au premier vers), « je sais », sur douze vers dix fois répétitions du pronom personnel « Je » ou « moi ».
  • exprime ses sensations et ses sentiments personnels : « Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit »(v.6), « sur mes pensées »(v.5)
  • cadre naturel habituel du romantisme:campagne, forêt, montagne.

 

b) L’expression d’une douleur.

 

  • tonalité pathétique du texte : sensation de manque « Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps »(v.4), désespoir avec la comparaison du vers 8 « Triste, et le jour sera comme la nuit ». Hugo nous fait part de sa souffrance.
  • Attitude d’un homme malheureux : « le dos courbé, les mains croisées »(v.7), comme s’il portait un grand malheur.
  • Impression d’une grande solitude : « Seul, inconnu »(v.7), renforcée par l’absence d’autres personnages dans le poème. Il ne croise personne sur son chemin. Et finalement aussi absence de son interlocuteur.

 

c) Un poème à chute.

 

  • interlocuteur marqué dès le vers 2 avec répétition deuxième personne du singulier : « Vois-tu », « tu m’attends », mais identité reste inconnue.
  • Lieu et but de son voyage inconnus aussi jusqu’à la fin, on ne sait pas pourquoi ni où il part.
  • Derniers vers nous donnent ces informations :  « Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe »(v.11), compréhension de la douleur d’Hugo et du destinataire de ce poème par la vie de l’auteur : il se rend sur la tombe de sa fille Léopoldine. La portée lyrique et pathétique du texte explose alors à la fin.

 

(phrase de conclusion/transition de la partie lors de la rédaction)

 

II- Un voyage réel et spirituel.

 

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

 

a) Un voyage dans l’espace et le temps.

 

  • plusieurs repères temporels dans le premier vers : « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne »(v.1) , départ tôt le matin. Temps d’automne (« blanchit ») correspondant au mois de Septembre.
  • Repères spatiaux aussi présents : « campagné »(v.1) »forêt », « montagne »(v.3), « Harfleur »(v.10, représente la mer, la Normandie, port près du Havre).
  • Long voyage, car il traverse plusieurs types de paysage, et part le matin pour arriver le soir : « Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe »(v.9). Hugo effectue un pèlerinage.

 

b) Un texte en mouvement.

 

  • multitude de verbes de mouvement et d’action : « Je partirai »(v.2), « J’irai »(v.3), « Je marcherai »(v.5)… expriment l’action physique.
  • Texte rythmé rendant compte de ce mouvement : ponctuation abondante (trois virgules dans le premier vers et quantité de virgules et points dans le poème, même à l’intérieur du vers 2), parallélismes dans les vers 3 et 6, entre les vers 9 et 10 : « J’irai.., j’irai », « Sans…sans », « ni l’or…/Ni les voiles… ».
  • progression durant les trois strophes : départ et description du chemin dans la première, etat d’âme du poète durant le voyage dans la deuxième, arrivée et action finale dans la troisième.c) Un chemin déterminé vers sa fille.

 

  • une détermination sans faille dans l’idée de retrouver sa fille : pas de distraction dans son voyage, une seule idée en tête : vers 5 à 10 montrent sa focalisation extrême sur sa tâche. Voyage long (forêt, montagne, mer) dont il ne se détourne pas.
  • Verbes au futur indiquant une certitude encore une détermination inflexible. Le poète n’a pas d’hésitation sur sa journée du lendemain, sur le chemin à emprunter même s’il est long et douloureux : « Je partirai »(v.2)…
  • Enfin, le poème lui permet de faire revivre sa fille : « Vois-tu »(v.2), il s’adresse à elle comme si elle était présente encore, elle agit encore aussi « tu m’attends »(v.2). Présent de vérité générale « je sais » qui ne supporte pas le doute. Seuls passages au présent pour inscrire sa fille dans la réalité.

 

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

 

 

Conclusion :

 

Ce poème possède une forte tonalité lyrique et pathétique. Victor Hugo nous transmet son deuil et sa douleur quant à la mort de sa fille. Il crée une émotion bouleversante chez le lecteur en ne dévoilant l’identité de son interlocuteur que dans les derniers vers. L’évocation de la mort de sa fille prend ici la forme d’un voyage vers sa dépouille. C’est pour lui un chemin réel et spirituel, durant lequel il cherche à la faire revivre. (reprise des conclusions partielles et réponse à l’annonce de plan)

Ce poème trouve alors sa force dans sa construction avec sa chute, et sa progression vers l’objet de l’amour du poète. Surtout, la simplicité dans le choix des mots et la subtilité dans le rappel de cette tragédie dessinée par le pèlerinage de l’auteur ,et non par la description de sa douleur, parlent à tous et donnent à ce poème très personnel un caractère universel. (réponse à la problématique)

La puissance autobiographique du texte trouve aussi ses racines dans la difficulté qu’Hugo a eu à se recueillir sur la tombe de sa fille adorée. En effet, il mit plusieurs années à se rendre à l’endroit où elle était enterrée. Ce fut un long chemin pour Hugo, comme pour nous tous, que celui du deuil. (ouverture)

 

(conclusion en quatre parties : reprise des conclusions partielles, réponse à la problématique, ouverture.)

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6 commentaires sur “Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Victor Hugo, commentaire, analyse”

  1. Bonjour vous n’avez rien compris il part a la tombe de sa fille et ecrit ce poeme la veille des 4 ans d’anniversaire de la mort de leopoldine. Il accepte enfin le fait quelle soit morte et part pour la première fois se rendre sur sa tombe afin de recommencer une nouvelle. Ce « voyage » est en realite un pèlerinage.

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