consolation à M. du Périer(Perrier) sur la mort de sa fille, Stances, Malherbe, commentaire, analyse.

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Consolation à M. du Périer (Perrier) sur la mort de sa fille, Malherbe, Stances, 1599.
Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle ?
Et les tristes discours
Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
L’augmenteront toujours ?

Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?

Je sais de quels appas son enfance était pleine ;
Et n’ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.

Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin ;
Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin.

Puis, quand ainsi serait que, selon ta prière,
Elle aurait obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
Qu’en fût-il advenu?

Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
Elle eût eu plus d’accueil,
Ou qu’elle eût moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil ?

Non, non, mon du Périer, aussitôt que la Parque
Ôte l’âme du corps,
L’âge s’évanouit au deçà de la barque,
Et ne suit point les morts.

Exemple de plan de commentaire avec introduction et conclusion de la Consolation à M.Du Perrier (strophes 1 à 7) de Malherbe, 1599.

(Ceci est un exemple, et non un modèle. Votre réflexion personnelle peut évidemment mener à d’autres pistes de lecture.)

Introduction :

« Et Malherbe vint… », ce célèbre vers de Boileau illustre bien l’importance de Malherbe dans le classicisme. Il en fut le précurseur, ainsi que le continuateur des écrivains de la Pleiade par son attachement quasi maladif à la pureté de la langue française. Ecrivain de cour sous Henri III et Henri IV, il exerça un autorité implacable sur les poètes de son temps et leurs productions. (informations sur l’auteur)

Ici, Malherbe reprend des stances qu’il avait composé quelques années auparavant pour un autre ami, Cléophon, qui avait aussi perdu un être cher, Le poète reconstruit son ancien poème pour atténuer la mort de la fille de Du Perrie, Marguerité, et l’engager à de nouveau prendre goût à la vie. Notre étude portera sur les sept premières strophes, d’une œuvre qui en compte vingt-six.(présentation du poème)

De quelle manière Malherbe essaie-t-il de toucher son ami ? (problématique)

Dans un premier temps, nous nous attarderons sur le caractère sombre et baroque du poème avant d’en dégager la portée argumentative. (annonce du plan)

(introduction avec : accroche, présentation de l’extrait, problématique, et annonce de plan).

I- Un texte sombre.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Le registre pathétique.

  • champ lexical de la souffrance développé dans la première partie de l’extrait; premier mot du poème « Ta douleur »(v.1), ensuite : « tristes »(v.2), « malheur »(v.5), « peine »(v.13).
  • Douleur si forte qu’elle mène à la folie : « ta raison perdue »(v.7), compréhensible par la cause de ce chagrin, mort de sa fille Marguerite âgée de cinq ans.
  • Malherbe atténue d’ailleurs cette réalité afin de ne pas réveiller la douleur de son amie : « Le malheur de ta fille au tombeau descendue »(v.5) périphrase pour la mort, métaphore de la rose (v,15-16) pour évoquer son jeune âge lors du décès.

b) un texte tragique.

  • champ lexical de la mort : « tombeau »(v.5), « trépas »(v.7), « cercueil »(v.24), « morts »(v.28)
  • thème de la fatalité : « le pire destin » (v.14), « funeste »(v.23), la mort nous concerne tous « commun trépas »(v.6). Figure mythologique de la Parque insitant sur l’inéluctabilité de la mort, et l’impuissance des humains à la combattre.
  • dilemme posé dans les strophes 5, 6 avec des questions rhétoriques puisque Malherbe y répond ensuite. c) Une atmosphère baroque.
  • références mythologiques : la Parque, la barque évoque le passeur Charon qui menait les âmes vers les champs-élysées
  • description réaliste de la mort : « Et les vers du cercueil ? »(v.24)
  • thème des vanités avec le temps qui passe, et l’inconstance de la vie : « D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière ? »(v.19), « plus vieille »(v.21)
  • métaphore de la rose reprise de Pétrarque et de Ronsard pour encore insister sur la vanité de la vie, le temps qui passe(v.15-16)

(phrase de conclusion/transition de la partie lors de la rédaction)

II- Une consolation argumentée et construite.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Un poème à un ami.

  • importance du destinataire marquée dès le début : « Ta douleur »(v.1), reprise ensuite tout au long du texte de la seconde personne du singulier « ta fille »(v.5), « ta raison »(v.7), « ta peine »(v.11), « Penses-tu »(v.21) : interpellation directe.
  • Proximité du poète avec le destinataire appuyée aussi par l’écriture de son nom (v.1 et v.25), de plus le déterminant possessif « mon »(v.25) exprime son affection pour du Perrier, il s’estime encore son ami : « Injurieux ami »(v.11)
  • enfin, il cherche à ne pas trop réveiller sa peine en usant d’euphémismes ou de périphrases pour évoquer la mort de sa fille (comme vu plus haut), et aussi en la présentant de manière élogieuse dans les strophes 3 et 4 : « Je sais de quels appas son enfance était pleine »(v.9), « les plus belles choses »(v.13). La métaphore de la rose insiste d’ailleurs encore sur sa beauté et sa jeunesse.
  • Consolation rassurante en supposant sa fille au paradis : « maison céleste »(v.21)

b) Une argumentation persuasive.

  • forte implication personnelle du poète : « Non,non »(v.21), tonalité presque polémique. Il justifie aussi son poème : « Et n’ai pas entrepris,/Injurieux ami, de soulager ta peine »(v.10-11). Essaie de persuader son ami de la justesse de son action.
  • Utilisation de la forme poétique de la stance pour imprégner son interlocuteur de sa pensée par le caractère répétitif : strophes de 4 vers, avec alternance d’alexandrins et d’hexasyllabes (6 syllabes),qui créent un rythme entêtant, avec des rimes croisées qui reviennent.
  • Enfin, les questions rhétoriques servent aussi à rythmer le texte et à réveiller la conscience de du Perrier, à provoquer sa réflexion. De la même manière, répétition avec interrogations aux vers 1,4,8,20,24.c) Convaincre de la pertinence de la philosophie stoïcienne.

une construction logique, avec les deux premières strophes centrées sur du Perrier et son chagrin, les deux suivantes sur sa fille, puis encore deux strophes sur la vieillesse qui constituent un argument rassurant, enfin la conclusion et la réponse de Malherbe à son ami dans la dernière. Progression avec des exemples précis et concrets.

  • Utilisation du présent de vérité générale « Je sais »(v.9), et pour la dernière strophe. Futur marquant la certitude : première strophe. Temps qui appuie les propos de Malherbe comme des vérités.
  • Connecteurs logiques : « donc »(v.1), « Mais »(v.13), « Puis(v.15), « Ou » (v.17), « Et »(v.24). Appel à la raison : ne pas écouter les propos désespérants d’autres personnes (strophe 1 avec les « tristes discours »), appel à revenir vers la vie avec la question « Ta douleur du Perrier sera donc éternelle ? »(v.1), invitation à revenir vers la raison et à l’utiliser : v.7-8.
  • Conseil de vie stoïcien donné à du Perrier, morale donnée dans la dernière strophe : face à la mort qu’on ne peut contrôler, il faut savoir l’accepter, faire son deuil, et se concentrer sur ce qu’on peut contrôler, c’est à dire sa vie, qui continue.

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

Conclusion :

Malherbe dans ce poème aborde un sujet difficile, celui de la mort d’un de ses amis. Tragique et pathétique, cette consolation se fait dans une atmosphère baroque avec un rappel du thème des vanités, de la victoire inéluctable de la vieillesse et de la mort. En même temps, il construit une argumentation répétitive par la forme des stances, persuasive par sa forte implication personnelle, et un raisonnement logique. (reprise des conclusions partielles, réponse à l’annonce de plan).

L’auteur à travers cet extrait nos présente une vision stoïcienne de la vie, où il faut accepter ses souffrances et ses peines pour avancer. Il ne demande pas à son ami d’oublier sa fille, mais de dépasser son désespoir, car il ne peut rien faire pour la faire revenir. (réponse à la problématique)

Cette pensée de Malherbe paraît rétrospectivement étonnante. A l’époque il avait déjà perdu plusieurs enfants, et parlent donc avec son cœur et son expérience. Mais en 1627, son dernier fils meurt suite à un duel, et cette perte le mène dans un chagrin qui provoque sa mort une année plus tard. (ouverture)

(conclusion en trois parties avec : réponse à l’annonce de plan, réponse à la problématique, et ouverture).

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